Évidemment, on ne peut qu’être soulagé de la libération des trois religieux, deux prêtres italiens et une religieuse canadienne, enlevés par des islamistes dans le nord du Cameroun et notamment de la sœur âgée de 90 ans et atteinte d’un cancer. Ce qui est moins satisfaisant, c’est de voir que les gouvernements occidentaux jurant, la main sur le cœur, qu’il est hors de question de payer une quelconque rançon pour la libération de leurs otages. La payer directement aux ravisseurs assurément. Mais rien n’interdit de payer le gouvernement local qui mènera la négociation puis paiera les ravisseurs. C’est ce qui s’est très probablement passé dans l’affaire des trois religieux. Autrement dit, un encouragement à continuer à enlever des innocents. Voyez ce qu’écrivait hier Le Journal du Québec…
La religieuse québécoise [Gilberte Bussière] et les deux prêtres italiens Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri « ont été libérés cette nuit autour de 2 h. Nos militaires les ont récupérés dans un village près d’Amchidé localité camerounaise située à la frontière du Nigéria, pays où ils étaient retenus », a indiqué une source sécuritaire camerounaise à l’AFP (…) Selon une source militaire de l’AFP ayant demandé à garder l’anonymat, la libération s’est faite dans des circonstances dangereuses et « des prisonniers et de l’argent » ont été remis aux ravisseurs en échange des religieux. « Nous avons procédé à l’échange cette nuit vers Limani, une localité nigériane proche de la frontière avec le Cameroun, a-t-elle dit. Ça n’a pas été facile. Les ravisseurs ont changé de lieu de rendez-vous à plusieurs reprises», a ajouté cette source, affirmant avoir « essuyé des tirs de l’armée nigériane ». Le militaire camerounais a expliqué qu’une fois arrivés chez les ravisseurs, ses camarades et lui ont été impressionnés par leur nombre et la qualité de leur armement. « J’avoue que leurs armes sont plus sophistiquées que les nôtres », a-t-il dit. Les enlèvements n’ont pas été revendiqués, mais les forces de sécurité camerounaises les ont rapidement attribués aux islamistes armés nigérians de Boko Haram.
Source : Le Journal de Québec (1er juin)
Réjouissons-nous et remercions le Seigneur de la libération de ces trois chrétiens, même si elle a été monnayée, le payement d’une rançon est pratiquement incontournable et bien sûr inquiétant pour l’avenir. Mais d’où viennent ces armes aussi sophistiquées aux mains de Boko Haram ? Quel pays est le fournisseur … ?
Bien sûr, la libération de ces religieux, et surtout de la religieuse très malade qui pourra finir sa vie entourée de sa famille naturelle et de sa famille religieuse.
Mais cette libération laisse un goût amer : des armes et de l’argent ont été remis aux ravisseurs en échange. Des armes et de l’argent qui permettront de nouveaux enlèvements, avec des exigences toujours accrues de la part de Boko Haram.
Je me demande si ces religieux, qui étaient sans doute prêts à donner leur liberté et même leur vie pour le Christ, auraient donné leur accord si on les avait consultés.
Ceux qui prennent des otages pour obtenir une rançon ont évidemment la partie belle, puisque nul ne peut souhaiter qu’il arrive du mal aux otages, que chacun souhaite leur libération. Mais les organisations ou les gouvernements qui cèdent à ce chantage s’engagent dans un engrenage sans fin, ou plutôt auquel on ne peut mettre fin qu’en refusant totalement ce chantage, fût-ce en mettant les otages en danger. Tous les gouvernements, un jour ou l’autre, se sont heurtés à ce dilemme. La Russie (alors URSS) l’avait réglé de façon drastique : des citoyens soviétiques ayant été enlevés par des terroristes palestiniens et étant morts au cours de leur enlèvement ou après celui-ci, on a retrouvé, au lendemain de la nouvelle de leur mort, le corps coupé en morceaux d’un important chef des terroristes palestiniens dans le coffre d’une voiture de construction russe : aucun citoyen soviétique n’a été enlevé par la suite.
Ce n’est sans doute pas une méthode à conseiller, mais ce n’est qu’en mettant les preneurs d’otages en danger que l’on peut mettre fin à cette spirale infernale enlèvement/paiement d’une rançon en argent et en armes/nouveaux enlèvements grâce à cet argent et à ces armes/et ainsi de suite.
@ Anne Lys : une forme de légitime défense de la part de l’URSS qui a porté ses fruits en sauvant bien des vies à l’avenir en quelque sorte.