Asia Bibi ne sera pas immédiatement libérée, même si la Cour suprême a exigé sa libération sans délai. Il y a un processus bureaucratique qui risque de repousser de plusieurs jours sa libération effective, avec tous les risques qu’on imagine pour elle… Les chrétiens du pays éprouvent une joie mêlée de crainte. Les premières réactions violentes des islamistes ne sont pas un bon signe pour la communauté chrétienne. Une analyse de ce jour d’Aide à l’Église en détresse, fait le point de la situation. Ce n’est pas rassurant.
« Il était très clair, dès le premier jour de son accusation, qu’Asia Bibi était innocente et faussement accusée », rappelle le père James Channan, directeur du Peace Center, à Lahore, au Pakistan. Il s’attendait donc à ce que la Cour suprême du Pakistan annonce la libération de cette catholique, mère de cinq enfants, accusée par une musulmane de son village du Pendjab d’avoir « insulté » le prophète Mahomet à la suite d’une dispute au sujet d’un verre d’eau.
Son acquittement est salué par les défenseurs des droits de l’homme, par les chrétiens – malgré les risques qu’elle fait encourir à ses coreligionnaires pakistanais, et par les musulmans modérés. « Justice a été rendue. Le verdict montre que les pauvres, les minorités et la fraction la plus modeste de la société peuvent obtenir justice dans ce pays en dépit de ses défauts » s’est réjouit son avocat Saif-ul-Mulook.
Bien malgré elle, Asia Bibi est devenue une icône des dérives de la loi anti blasphème au Pakistan. Les opposants à cette loi prennent son cas en exemple pour démontrer les absurdités auxquelles elle conduit, et ses partisans, au contraire, voulaient faire d’Asia Bibi un exemple. « Les musulmans radicaux sont furieux de ce jugement, constate le père Channan. Et la communauté chrétienne a très peur. Nous craignons que nos églises, nos écoles, nos institutions et nos maisons soient attaquées. Ces fanatiques sont prêts à tuer et à être tués. » Ils menacent de fait explicitement le Premier ministre Imran Khan et le président de la Cour suprême, Mian Sahib Nisar, ainsi que les juges qui ont rendu le verdict.
Contacté par l’AED, le père Emmanuel Yousaf, directeur national de la Conférence des évêques du Pakistan, indique que « Les écoles et les collèges vont fermer plus tôt. Beaucoup de routes sont bloquées et la population est empêchée de se rendre au travail ou de rentrer à la maison. »
Les militants du Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), en particulier, multiplient les manifestations. Le prêtre constate qu’ils bloquent les axes de circulation dans les grandes villes : Lahore, Islamabad, Karachi. « La vie s’est arrêtée au Pakistan » constate-t-il avec angoisse. « On ne peut plus voyager librement », ajoute-t-il. Il se souvient qu’en avril 2017, des membres de ce parti, émanant d’une secte soufie ultra-violente, avaient bloqué la principale autoroute menant à la capitale du pays et, après un mois de manifestations et de blocages, ils avaient alors obtenu la démission du ministre de la Justice.
Bien qu’elle ait été déclarée innocente, et qu’elle soit, selon la loi, libre de ses mouvements, Asia Bibi ne peut pas rester dans son pays natal. « Elle devra trouver exil dans un autre pays pour sauver sa vie », regrette le père Channan. « J’espère que la situation se calmera et que nos vies se normaliseront. Gardez-nous dans vos prières afin que Dieu nous protège », conclut le prêtre.
Source : Aide à l’Église en détresse, 31 octobre
Deo gratias !
Mais ce n’est pas fini, nous avons encore de nombreux sujets de prières !
– Remercions Dieu pour l’acquittement d’Asia Bibi
– Prions pour elle et sa famille. Qu’elle puisse quitter le pays saine et sauve
– Prions pour les chrétiens sur place. Que les plans des extrémistes islamiques soient anéantis
Lisez l’article de Portes Ouvertes de ce jour :
http://r.emails.portesouvertes.fr/mk/mr/TyJecwGuq983peGBuD7CL0m1OVDRG9YP0Siy24tolupgVgCA2TUYO41VrOe57M6axylyD3CcNEVRlDGKK4AL3FqDuf1qWcq4ym36WLKSiuMESAG2Ao0