Certes, les médias internationaux ont largement couvert la répression violente menée au Myanmar contre la minorité rohingya du pays, qui s’est soldée par l’exode forcé de quelque 750 000 Rohingyas vers le Bangladesh. Ces Rohingyas sont musulmans dans une écrasante majorité. Mais il existe aussi des Rohingyas chrétiens – quelques centaines – et de ceux-là on n’en parle guère dans la presse. Or ce sont des persécutés à la puissance 2 : ils l’ont été au Myanmar comme Rohyngias, ils le sont désormais dans les camps de réfugiés du Bangladesh comme chrétiens par leurs compatriotes musulmans.
Dans une déclaration du 23 janvier dernier, Yanghee Lee, rapporteur spécial des Nations unies, a alerté l’opinion publique internationale sur leur situation. Il avait rencontré, lors de sa mission au Bangladesh, du 15 au 23 janvier, un groupe de Rohingyas chrétiens dans le camp de la ville de Cox’s Bazar, au sud du pays, qui se trouvaient « dans une situation des plus difficiles » en raison de la persécution dont ils souffraient de la part de leurs compatriotes réfugiés musulmans. Un tragique incident allait, quelques jours plus tard, confirmer les craintes du rapporteur spécial.
Le 27 janvier, un groupe d’une centaine de Rohingyas musulmans est passé à l’attaque contre les chrétiens. Barnabas Fund précise :
« Une personne est signalée disparue au cours de l’assaut et est présumée morte au moment où nous écrivons cet article. Un homme a été blessé à la tête à la suite de jets de pierres par les extrémistes [sans doute membres de l’Armée du salut des Rohingyas de l’Aarakan, ARSA] sur le toit de l’église. Des attaques au couteau, l’utilisation d’acide et une tentative d’incendies ont été signalées. Cette foule de musulmans a saccagé l’église de la communauté et en a retiré les Bibles, elle a pillé et détruit des habitations de chrétiens laissant vingt familles sans toit. Les forces de sécurité [bangladaises] du camp s’en seraient pris aux chrétiens au lieu de les protéger, en auraient battu plusieurs dont l’un a perdu conscience. Elles ont aussi confisqué des téléphones portables qui contenaient des preuves de ces attaques […] Immédiatement après cette attaque, un responsable rohingya chrétien a posté une prière pour les agresseurs sur Facebook : “Ô Seigneur, veuillez pardonner nos persécuteurs” […] Le contact de Barnabas sur place nous apprend que la violence contre ce groupe [chrétien] a “triplé” au cours de la semaine écoulée, et il en appelle à la communauté internationale. Il demande qu’une enclave protégée et séparée soit établie pour les Rohingyas chrétiens du camp. Les réfugiés rohingyas hindous disposent déjà d’une telle protection. Les Rohingyas chrétiens ne veulent pas se rendre en Occident, ils veulent simplement obtenir dans ce camp la même protection que celle dont disposent les Hindous ».
Source : Barnabas Fund, 28 janvier 2020.
Situation comparable à celle des requérants d’asile chrétiens au milieu de musulmans dans les camps de réfugiés allemands, mais à la puissance dix ! Situation passée sous silence, sauf exception, dans les médias occidentaux.
Portes ouvertes alertait déjà sur ce monstrueux problème il y a plus de 2 ans :
https://www.portesouvertes.fr/edifier/filrouge/myanmar-des-chretiens-parmi-les-rohingyas
Ils n’ont le choix qu’entre la peste et le choléra.
Prions que nos frères et sœurs rohingyas tiennent bon dans cette abominable épreuve et soutenons financièrement les œuvres chrétiennes qui sont sur le terrain.
@Charotte Parc
Nous avons abordé ce sujet à plusieurs reprises : ici et là.