Le Père Jean-Loup Lacroix, curé de Saint-Sulpice, a donné hier son témoignage et quelques commentaires sur l’incendie, à l’hebdomadaire Le Point. Les voici.
Le Point : Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé ?
Dimanche 17 mars, à 13 h, alors que le concert hebdomadaire d’orgue se terminait, les personnes présentes dans l’église ont vu des flammes jaillissant du tambour d’entrée de la porte du transept sud, donnant sur la rue Palatine (droite quand on regarde le bâtiment). Ce dimanche-là, l’archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit était venu célébrer la grande messe. La cérémonie était finie, nous étions en train de déjeuner autour de l’archevêque avec une trentaine de convives au presbytère qui se trouve à quelques mètres, rue de Vaugirard. Prévenus de l’incendie, nous nous sommes précipités et, quand nous sommes arrivés, des flammes sortaient encore du bâtiment. Les pompiers finissaient d’éteindre le feu. Une très importante fumée se propageait dans l’église. Les pompiers présents m’ont invité à m’éloigner pour ne pas l’inhaler et étouffer.
Quelle est l’étendue des dégâts ?
D’abord, la porte du transept sud, peut-être la plus belle de l’église, est très abîmée, tout comme son tambour, très beau lui aussi, une construction de menuiserie du XVIIIe siècle de plusieurs mètres de haut. Au-dessus, les flammes ont détruit un vitrail et un bas-relief magnifiques [je pense que la marque du pluriel est une coquille car on ne peut pas qualifier la rosace de magnifique] du XVIIIe siècle. Au total, les dégâts se montent à 900 000 euros, c’est la somme déclarée par la mairie de Paris à la police. Mais il y a aussi de la suie qui s’est répandue dans toute l’église, sur le mobilier et les œuvres d’art, jusque sur l’orgue, et ces dégâts sont à la charge de la paroisse. Je suis consterné par ce sinistre.
Comment qualifiez-vous cet acte ?
Je ne veux pas le qualifier. L’origine sera déterminée par l’enquête de police.
S’agit-il d’une profanation ?
C’est une église qui est attaquée. Mais aucun objet cultuel n’a été directement ciblé. L’incendie a eu lieu à la porte de l’édifice. On ne peut pas parler de profanation. Ce n’est pas une attaque antireligieuse.
Quelle est d’après vous l’origine du sinistre ?
Je ne peux pas me prononcer. La police enquête.
Source : Le Point, 20 mars 2019.
Nous aurons au moins appris qu’incendier une église n’est en aucun cas un acte “antireligieux”… C’est même certainement un acte de foi: on aura voulu allumer un très gros cierge.
Décidément, le déni est source de martyre, à moins qu’il ne s’agisse que de masochisme…