Après le système hospitalier, on ne pourra pas dire que le régime érythréen n’a pas de suite dans les idées…
[…] l’État érythréen commence à réquisitionner les écoles gérées par des organismes religieux catholiques mais aussi musulmans et protestants […] Face à cette nationalisation forcée, les éparques érythréens […] ont pris position. Dans une lettre adressée à Semere Re’esom, ministre de l’Instruction publique, transmise également à l’Agence Fides, ils affirment : « Vu que les actions actuellement mises en œuvre au détriment de nos institutions éducatives et sanitaires sont contraires aux droits et à la légitime liberté de l’Église et limitent lourdement l’exercice des principes de sa foi, de sa mission et de ses services sociaux, nous demandons que les résolutions récentes soient revues et que les actions en cours soient bloquées de manière adéquate » […] La mesure a provoqué la préoccupation et le trouble au sein de la communauté catholique et de la population. Parmi les écoles réquisitionnées, se trouvent des institutions historiques, telles que l’Institut secondaire du Très Saint Rédempteur du séminaire d’Asmara, fondé en 1860 qui a formé au cours des décennies de service des centaines de jeunes qui ont travaillé au service de l’Église et du pays. À cela viennent s’ajouter l’école primaire, collège et lycée Saint Joseph de Cheren gérée par les frères lasalliens, le lycée des frères capucins d’Addi-Ugri, le collège et lycée Saint François des frères capucins de Massawa. « Nous demandons – écrivent les évêques – à ce qu’il soit permis à toutes les institutions éducatives et sanitaires de l’Église, en tant que légitimement appartenant à nous, citoyens érythréens, de pouvoir continuer leur précieux service au profit du peuple, par ailleurs hautement apprécié. Dans le cas où seraient nécessaires des corrections ou des ajustements, un dialogue ouvert et constructif constitue non seulement un bien mais la seule voie possible ». L’Église ne s’est jamais soustraite au dialogue, ainsi que l’affirment les évêques eux-mêmes. « Il est toujours dans nos désirs et à notre programme d’évêques de l’Église catholique de rencontrer les autorités gouvernementales afin de dialoguer de tout ce qui concerne la situation de notre Église et de notre nation. Malheureusement, à ce désir n’a jamais été accordée aucune considération de la part des autorités de l’État ». Malgré leur disponibilité à la concertation, les évêques ne renoncent pas « à élever la voix, une fois encore, pour protester contre le caractère arbitraire et unilatéral de la mesure prise récemment par le gouvernement », notamment parce que le rôle de l’Église est « d’annoncer la Parole du Salut sachant qu’est intrinsèque à ce mandat la promotion intégrale de la personne humaine, c’est-à-dire la prise en charge de l’être humain dans son âme et dans son corps. Da là dérive l’engagement non secondaire dans les domaines de l’instruction, de la santé et du développement social en général », des missions qui ne se déroulent pas seulement « dans les édifices sacrés mais dans les camps ouverts des écoles, des cliniques et des hôpitaux, partout où les hommes et les femmes réclament le droit et ont besoin d’être soignés et instruits et où l’Église se sent en mesure de contribuer à leur bien-être global ».
Source : Agence Fides, 14 septembre 2019.
Ces évêques érythréens semblent avoir davantage de courage que les nôtres face aux persécutions gouvernementales anti-chrétiennes. Ils risquent d’être enfermés dans les tristement célèbres containers du désert pour une durée indéterminée, risquant la mort. Ce sont des martyrs en puissance. Et les pauvres enfants privés d’école, de soins dispensés par les chrétiens sont bien à plaindre ainsi que leurs parents.