On comprend mieux cet empressement du pouvoir étatique de faire la manche : la cathédrale Notre-Dame de Paris, dont l’État est le propriétaire – ou plutôt le receleur – n’était pas assurée ! Pour faire plus convenable on dit que l’État est « son propre assureur pour les établissements religieux dont il est propriétaire », or « être son propre assureur signifie, dans la terminologie des assureurs, que l’on n’est pas assuré », décrypte Frédéric Durot, directeur du département dommages du courtier en assurances Siaci Saint Honoré. Tel fut la décision prise en 1889 par le ministère des Finances de l’époque : « le ministre des finances décida que, pour l’avenir, l’État n’assurerait plus ses biens contre l’incendie auprès de compagnies privées et garderait lui-même la charge des conséquences du feu », est-il noté dans le document, exhumé par le site LaVieImmo. L’État vole, n’entretient pas et n’assure pas les cathédrales en France. Un conseil : ne faites des dons qu’à la Fondation Notre-Dame qui dépend de l’archevêché de Paris !
Source : Le Monde, 17 avril 2019.
Mais @M. Hamiche il en est ainsi, non pas de Notre-Dame seulement, mais de TOUS LES ÉDIFICES PUBLICS APPARTENANT soit À L’ÉTAT, soit AUX COLLECTIVITÉS TERRITORIALES (régions, départements, communes…) et cela effectivement depuis 1889…. Donc bien antérieurement à la loi de 1905.
Il ne s’agit pas que des édifices dont les catholiques ou protestants ou israëlites seraient les affectataires depuis 1905, mais de TOUTES nos mairies, préfectures, TOUS nos hôtels de département ou de région, nos trésoreries publiques, commissariats de polices , tribunaux, trésoreries publiques, ponts, hôpitaux, bâtiments appartenant à tous nos ministères, l’Élysée et Matignon, les phares, tous les monuments historiques (près de 45 000 !) qui ne sont pas des biens privés, Palais de Justice, Sainte Chapelle et Conciergerie, Château de Versailles, Arc de Triomphe, Mont Saint Michel, Palais des Papes, Chambord, j’en passe et des dizaines et des centaines, RIEN DE TOUT CELA N’EST ASSURÉ (au sens courant du terme) et pour aucun risque !!! Le Parlement de Bretagne qui a (partiellement) brûlé en 1994 n’était pas plus assuré. L’État est son propre assureur : il assume lui-même les différents risques.
Et, je ne suis pas économiste, mais je pense qu’il est heureux qu’il en soit ainsi ; la preuve en est qu’aucun gouvernement, ni de droite ni de gauche, sous aucune des républiques depuis 1889 n’a remis ce principe en cause ; car ainsi nous faisons, nous c’est à dire nos impôts, une énorme économie : au lieu d’engraisser des compagnies d’assurances à leur payer annuellement des cotisations monstrueuses qui peut-être doubleraient nos impôts, nous assumons collectivement les dégâts survenus.
Car qu’est une assurance, sinon une mutualisation des risques ? Chacun paie un peu pour pouvoir aider les quelques-uns qui ont de gros dégâts (et au passage l’assureur se prend une commission qui ne revient jamais aux cotisants, qu’il se garde pour lui et pour payer ses locaux et son personnel ou qu’il ristourne à ses actionnaires) ?
Que ce soit l’État ou l’assureur qui assume cela, il faut le payer de façon solidaire, donc autant éviter la commission prise par les assureurs !!! Ça de moins dans nos impôts. Et de toute façon l’État gère des provisions financières pour parer à ces risques (déblocage rapide de fonds et de moyens en cas d’inondations par exemple) .
Je suis stupéfaite que vous n’ayez pas été au courant !
Et tout aussi stupéfaite que vous en fassiez une sorte d’objet de scandale.
Quant à la loi de 1905 qui a, selon une analyse compréhensible des catholiques, spolié l’église de ses biens, si cela a été dans un premier temps extrêmement mal vécu par les catholiques concernés, il faut objectivement bien reconnaitre qu’à moyen et long terme cela s’est avéré être une affaire financière extrêmement avantageuse pour l’église catholique : ce ne sont plus les seuls fidèles catholiques qui doivent entretenir leur patrimoine, mais toute la communauté nationale, (départementale ou communale selon les cas), c’est à dire tous les citoyens redevables de l’impôt, quelles que soient par ailleurs leurs convictions ou absence de convictions philosophiques ou religieuses, qu’ils aient ou non l’envie de participer à cet entretien.
Qu’en serait-il aujourd’hui si Notre-Dame n’avait pas appartenu à l’État ?
“Débrouillez-vous les cathos, c’est votre affaire !”
Que Notre-Dame soit assurée par l’État lui-même est la meilleure des choses qui pouvait lui arriver.
Et s’il est fortement à regretter l’étroitesse du budget public alloué à l’entretien des lieux de culte catholiques (mais comment les catholiques seuls auraient-ils pu faire pour entretenir Notre-Dame de Paris sans les dizaines, centaines de millions fournis par l’État depuis plus de 100 ans), ce budget public est tout aussi pingre pour tous les monuments historiques, même les non-religieux, et bien des gens s’en émeuvent depuis des années, prêchant souvent dans le désert (que le gouvernement soit de droite ou de gauche : il y a tant d’autres urgences pour l’État) et quand ce sont de médiatiques Stéphane Bern, cela donne un loto du Patrimoine ! Et il faut ensuite faire un tri draconien pour choisir où on va mettre les sommes de toutes façons insuffisantes ainsi allouées ou recueillies. Certains édifices sont restaurés, d’autres continuent à se dégrader ou tous continuent à se dégrader peu ou prou car on a saupoudré les finances disponibles.
Mais je doute très fort que les catholiques seuls, compte tenu de surcroit de l’hémorragie de ses pratiquants depuis 60 ou 70 ans, aient été capables de faire mieux que l’État et les collectivités territoriales tant pour les cathédrales que pour la moindre de nos chapelles rurales.
Si non, pourquoi ne se substitueraient-ils pas à l’État, le département ou la commune pour faire toutes les réparations et rénovations nécessaires ?
La réponse n’est pas à chercher loin : ils n’en ont pas les moyens financiers… et ceux de l’État, des département et des communes ne sont guère plus abondants…