Je mets “calligraphe” entre guillemets, car ou trois commentaires sur la page Facebook de l’Observatoire, n’ont pas compris qu’il s’agissait d’un second degré… L’auteur des inscriptions coraniques sur l’église orthodoxe roumaine de Launaguet, dont j’ai traité hier. Il s’agissait bien, comme je l’avais suspecté, de cette église, mais contrairement à ce que La Dépêche du Midi écrivait le 15 janvier, ce ne sont pas les « murs d’enceinte » du bâtiment qui avaient été recouverts d’inscriptions coranique, mais à l’intérieur de ce lieu de culte. Il y a donc eu effraction de la part de l’auteur des inscriptions dont on sait désormais qu’il se prénomme Karim, qu’il est musulman, âgé de 23 ans [25 ans selon France Bleu] et qu’il a commis son forfait dans la nuit du 30 au 31 octobre de l’année dernière. Il est passé devant les juges hier 16 janvier en comparution immédiate. La Dépêche du Midi y consacre un assez long article avec quelques passages savoureux que je souligne entre crochets.
[…] Avec le front haut, crâne rasé et son petit bouc ébouriffé, il répond sans détour aux magistrats. « Vous pratiquez votre religion de manière assez intense », note la présidente du tribunal correctionnel, Myriam Viargues. « Je veux mentionner que j’ai rencontré certaines difficultés financières. J’ai enduré mais ça, ça m’a fait du bien », explique ce jeune homme de 23 ans, ce jeudi après-midi, depuis le box des prévenus. Lors de l’audience de comparution immédiate, le mot ne sera jamais lâché [tiens, tiens…]. Kassim est musulman. Or, les faits qui lui sont reprochés sont en totale inadéquation avec sa religion [sic ! la journaliste en sait plus sur l’islam que le musulman Karim !].
En effet, dans la nuit du 30 au 31 octobre 2018, il se serait introduit dans l’église orthodoxe roumaine de Launaguet pour inscrire des phrases à connotation coraniques. Et il s’est volatilisé. Saisie de l’enquête, la brigade de recherches (BR) de la compagnie de Toulouse-Saint-Michel a fini par le localiser cette semaine dans la Ville rose […] dans le quartier Borderouge, où il est domicilié. Il a bien essayé de s’échapper par le balcon. Les gendarmes ont été plus réactifs.
Kassim a été placé en détention provisoire en vue d’un procès qui avait déjà peu de chance de se tenir en raison de la grève des avocats. Les magistrats ont donc dû statuer sur la seule question de la détention provisoire. Incontournable pour la procureure « vu la nature très particulière des faits reprochés ». Et du profil de ce natif de Mayotte pourtant inconnu de la justice. Mais déjà repéré il y a quelques années pour son prosélytisme quand il a été renvoyé de l’établissement où il menait ses études. Lui, il parle d’une « éviction » par les « gérants de l’école et pas dans le cadre d’une vraie mesure disciplinaire ». « Vous avez diffusé des écrits et des vidéos de propagande jihadiste auprès des élèves », rappelle la présidente Viargues. « Je ne le présenterais pas comme cela : c’était religieux mais rien de terroriste», rétorque-t-il, toujours avec un ton laconique. L’expert psychiatre est formel: aucune anomalie mentale mais « des traits de personnalité schizoïdes ».
Pour autant, Kassim détient certaines garanties de représentation. À commencer par un CDI. «J’ai un métier, un logement: j’aimerais être libéré en attendant mon procès. » Après en avoir délibéré, la réponse est non. Renvoi acté fin janvier [en raison aussi de la grève des avocats, le prévenu n’était pas représenté par un défenseur].
Source : La Dépêche du Midi, 16 janvier 2020.