Lors d’un débat à la chambre des Lords du Parlement britannique, le 7 janvier dernier, la baronne Cox, membre indépendant de cette chambre, fondatrice et présidente de l’ONG Humanitarian Aid Relief Trust (HART), a répondu à une question qui lui était posée sur la situation des chrétiens au Nigéria. Sa réponse est glaçante…
Au cours de ces dernières années, des milliers de civils ont perdu la vie lors d’attaques menées par le Boko Haram islamiste et des milices peules dans des États du nord et du centre. Les causes sous-jacentes du conflit sont complexes, toutefois la violence ciblée et les atrocités perpétrées qui le sont contre des communautés essentiellement chrétiennes, suggèrent que la religion et l’idéologie constituent un élément clé […] Les communautés chrétiennes sont spécifiquement ciblées. Des sources fiables affirment que plus de 5 000 chrétiens ont été tués depuis 2015, 1 000 assassinés en 2019. Le Global Terrorist Index pour 2016 et 2017, a désigné les milices peules comme le quatrième des groupes terroristes dans le monde : seuls Boko Haram, l’État Islamique en Irak et au Levant et le groupe al-Shabaad les dépassent comme meurtriers. Lors de nombre de ces attaques, les Peuls, ont rapporté des survivants, criaient des « Allahou Akbar », « éliminons les infidèles » et « chassons les infidèles ». Ces attaques ont, parfois provoqué des représailles violentes, dès lors que ces communautés ne peuvent plus compter sur le gouvernement pour leur protection et leur droit à la justice. Toutefois, nous n’avons constaté aucune preuve d’une échelle comparable ou d’équivalence dans les atrocités. Lors d’un récent séjour au Nigéria, en novembre [2019], j’ai rencontré des survivants de cinq villages attaqués par les milices peules, attaques qui ont poussé 12 000 personnes à fuir. Dans deux de ces villages, 116 personnes ont été tuées. Il n’a été possible que de rencontrer un nombre limité de survivants, mais la cohérence de leurs témoignages est profondément troublante, et en cohérence avec les preuves collectées lors de précédents séjours. Ce sont des statistiques troublantes, mais derrières de telles statistiques se trouve l’histoire d’une horreur humaine […] Étant donné que le gouvernement nigérian semble complice de la persécution des chrétiens, il y a là un argument de poids pour que l’aide internationale soit restreinte jusqu’à ce que Abudja [capitale du Nigéria et siège du gouvernement fédéral] remplisse ses devoirs de protéger et de prendre soin de ses propres citoyens, de quelque croyance qu’ils soient, victimes de souffrances aussi horribles, et qu’il mette un terme à l’impunité grâce à laquelle ceux qui perpètrent ces atrocités peuvent poursuivre leurs crimes abominables.
Source : Humanitarian Aid Relief Trust, 8 janvier 2020.