Dans un entretien recueilli “à chaud” hier par Aleteia, Mgr Pascal Gollnisch, directeur de L’Œuvre d’Orient, dénonce avec force et raison l’indifférence de la communauté internationale envers les chrétiens de Syrie.
L’assassinat par des militants de l’État Islamique du prêtre catholique arménien et de son père, a été accompagné d’autres attentats contre les chrétiens locaux : « Il y a eu trois explosions visant des lieux chrétiens de Qamichli [ou Kameshli] : une école catholique tenue par des religieuses, une église ainsi qu’un commerce catholique. J’ai dû mal à y voir un simple hasard… ».
Mgr Gollnisch rappelle la spécificité de cette minorité arménienne catholique de la Mésopotamie syrienne : « Nombre de ses membres sont venus s’installer ici en 1915 car ils fuyaient le génocide arménien perpétré par l’Empire ottoman avec le soutien d’une partie de la population kurde. Ils se sont établis ici car ils ont été chassés de leurs terres en Turquie ».
Sur les Kurdes : « Certains ont voulu créer un Kurdistan indépendant en Mésopotamie syrienne [le soi-disant Rojava] mais les Kurdes n’y ont jamais représenté plus de la moitié de la population. C’est un autre facteur de déstabilisation ».
Sur la communauté internationale : « Je suis effaré de voir l’absence de réaction de la part de la communauté internationale et de l’opinion publique. Il y a péril pour ces communautés chrétiennes totalement abandonnées par la communauté internationale, que ce soit l’Union européenne ou les Nations unies. Tous les matins on parle de gens qui ont rejoint l’EI [État Islamique] sur un ton de victimisation… En réalité ils l’ont fait en pleine connaissance de cause, ce ne sont pas des victimes mais des bourreaux ! Je ne comprends pas qu’on ne parle pas davantage de créer une justice pénale internationale comme on l’a fait dans d’autres situations comme les Balkans ou le Cambodge. Les crimes commis en Syrie et en Irak l’ont été pour une partie par des ressortissants occidentaux, pour moi cela relève typiquement d’une cour pénale internationale (CPI). Mais j’ai l’impression que cela n’intéresse pas, cela ne mobilise pas ».
Source : Aleteia, 12 novembre 2019.