Pratiquement, il s’agit d’un enlèvement. Les services anti-terroristes turcs ont arrêté le 9 janvier, le Père Sefer (Aho) Bileçen, moine orthodoxe du monastère Mar Yacoub al-Suruji, Musa Tash Takin du village de Sidri et Youssef Yar du village de Üçköy. Les arrestations ont été commises dans la région de Tur Abdin dans le sud-est de la Turquie. On ignore la raison de cette descente de police dans un monastère et les motifs de ces arrestations. L’Assyrian Monitor of Human Rights dénonce ces arrestations et exige « leur libération immédiate ». La page Facebook de A Demand for Action estime, de son côté, que « ce type de comportement de la part des autorités turques est la raison pour laquelle tant chrétiens de Tur Abdin ont quitté la région et se trouvent aujourd’hui dispersés dans la diaspora ». Il se pourrait que les autorités turques reprochent au prêtre d’avoir reçu ou hébergé des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) considéré comme terroriste par Ankara. Mais ce n’est qu’une supputation.
Uzay Bulut, journaliste turque résidant désormais aux États-Unis, a confié ses réflexions à Internation Christian Concern : « Pendant des siècles, les Assyriens ont été pris pour cible et massacrés en raison de leur ethnicité et de leur religion. Bien qu’ils aient été abandonnés par les puissances mondiales, ils ont résisté et ont tenté de se maintenir sur leur antique territoire. Ils ont besoin, plus que jamais, de la voix et du soutien des chrétiens fidèles et de tous les autres défenseurs des droits de l’homme […] Cette toute dernière arrestation des trois Assyriens pourrait être due aux conflits incessants entre le PKK et les militaires turcs. Malheureusement, les Assyriens se retrouvent coincés entre ces deux groupes hostiles ».
Sources : International Christian Concern, 10 janvier 2020 ; page Facebook de Assyro-Chaldéens, l’histoire continue, 9 janvier 2020 (merci K. O.)
En effet, de sources provenant de la région, la police reproche au moine d’origine syriaque ainsi qu’aux 2 personnes arrêtées avec lui d’avoir héberger et nourris des membres du pkk, ce qui fait d’eux des collabos pour la Turquie. Il faut préciser que les quelques chrétiens qui restent dans le village sont prix entre deux feus et s’ils refusent de servir à manger aux Kurdes lors de leur visite, ils risquent de faire l’objet de répression de ces derniers.