Les Frères maristes d’Alep se comptent sur les doigts de moins de deux mains puisque, aux dernières nouvelles, cette communauté se compose de deux frères religieux et de sept laïcs… Mais cette poignée de personnes fait des miracles ! Vous lirez, ci-dessous, de larges extraits du tout dernier message du Dr. Nabil Antaki, médecin syrien d’Alep et membre laïc des Frères maristes. Dans une situation apocalyptique et au milieu de tant d’adversités leur dévouement est incroyable et il s’applique à tous, chrétiens ou non chrétiens… Il faut les aider autant que nous le pouvons et pour que pas un seul € ne se perde, je vous suggère des dons à l’association Les baroudeurs de l’espoir, dirigée en France par une cousine du Dr. Nabil Antaki, et qui finance à la fois les Maristes Bleus d’Alep et l’hôpital Saint-Louis de cette ville tenu par les admirables Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition. Merci pour eux et merci à A. M. d’avoir attiré mon attention sur cette œuvre magnifique !
[…] L’exode des habitants d’Alep, surtout des chrétiens, continue. Après l’Europe, puis le Canada, c’est le tour de l’Australie maintenant de délivrer des visas aux réfugiés syriens. Les chrétiens d’Alep ne sont plus que le quart de leur nombre d’avant la guerre.
Entre révolte et compassion, nous, les Maristes Bleus, continuons nos programmes en faveur des familles déplacées et des plus démunies.
Le programme « Les Maristes Bleus pour les déplacés » continue à distribuer des paniers alimentaires et sanitaires mensuels à 850 familles. Nous les aidons aussi à payer le prix de l’abonnement de « 1 Ampère » aux générateurs privés pour allumer quelques ampoules le soir. Nous leur donnons une fois par mois de la viande ou du poulet. Nous leur louons des petits appartements pour se loger. Cette année encore, pour la rentrée scolaire, nous avons donné des fournitures scolaires à tous les enfants qui vont à l’école en plus de notre aide pour payer les frais de scolarité.
Le projet « Civils Blessés de Guerre » continue à soigner, gratuitement, les civils, de toutes confessions, blessés par des balles ou des éclats d’obus, à l’hôpital Saint-Louis tenu par les Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition.
Le « Projet Médical des Maristes Bleus » finance plus de 100 actes médicaux par mois pour aider les malades qui n’ont pas les moyens de payer le coût d’une opération chirurgicale, d’une hospitalisation, d’un scanner ou parfois même d’une consultation ou d’examens de labo.
Le projet « J’ai Soif » continue à distribuer l’eau, gratuitement, aux familles dont nous avons la charge. Nos quatre camionnettes, équipées de réservoirs, font la navette du matin au soir entre les puits et les appartements.
Le projet « Goutte de Lait » distribue chaque mois à presque 3 000 enfants âgés de quelques jours à 10 ans des quantités de lait suffisantes pour un mois.
Au début de l’été, nous avons aménagé une partie de notre cour pour en faire un jardin avec des balançoires, des toboggans etc. Nous avons ainsi inauguré notre Espace-Eté de loisirs où nos familles viennent passer cinq après-midi par semaine dans un endroit plus sûr que leurs quartiers. Les enfants jouent sous la surveillance des monitrices et les adultes passent un moment de loisirs à jouer aux cartes, au tric trac ou tout simplement se détendent en sirotant un café, un thé ou un soda et en épluchant des graines. Nos deux bus font la navette aller-retour entre notre local et les quartiers. Cette initiative a fait la joie de tout le monde et a constitué une bonne thérapie anti-stress.
Notre équipe de visite des déplacés s’est étoffée de plusieurs bénévoles, anciens maristes de la famille Champagnat. Elle rend régulièrement visite aux familles, chez elles, même quand elles habitent les quartiers périphériques les plus dangereux comme le « 1070 », pour nouer des liens de solidarité, s’enquérir de leurs besoins et essayer d’y remédier.
Nos projets pédagogiques vont bon train. Les éducateurs (éducatrices) des deux projets « Apprendre à Grandir » et « Je veux apprendre » se réunissent, depuis début septembre, tous les matins pour des sessions de formation et d’apprentissage des programmes en attendant la rentrée scolaire. Celle-ci sera difficile vu le nombre record de demandes d’admission et de demandes acceptées malgré l’exiguïté des lieux.
Tous les enfants de « Je veux apprendre » et qui n’allaient pas à l’école pour diverses raisons ont réussi cet été aux tests de niveau du ministère de l’Éducation nationale et vont rejoindre le cursus scolaire sans commencer de zéro. C’est un sujet de fierté pour les enfants, leurs parents et pour nous.
« Skill School » continue à réunir les adolescents (tes). Leur nombre a atteint les 75, ce qui constitue le maximum de notre capacité.
Notre centre de formation des adultes, « le M.I.T. », en plus des sessions de 3 jours organisées depuis 3 ans plusieurs fois par mois, va inaugurer dans quelques jours une nouvelle formule. Une session de 100 heures étalée sur 8 semaines, 3 après-midi par semaine, pour permettre aux personnes qui travaillent d’y participer. Le thème est : « Comment entreprendre son propre projet ? ».
Nous avons engagé les meilleurs experts d’Alep pour aider les jeunes adultes à entreprendre et réaliser un projet et gagner leur vie. Nous enseignerons, d’une façon pratique, aux participants comment trouver l’idée d’un projet, comment le réaliser, comment évaluer le coût du produit, comment faire un budget, comment établir un plan d’action, comment obtenir le financement, comment faire le marketing et la vente. À la fin de la session, les participants présenteront leurs projets au jury composé des experts et nous aiderons à financer les meilleurs projets réalisables.
Notre projet d’« Éradication de l’analphabétisme » a terminé sa 1ère session de 40 participants. Tous ont présenté l’examen du ministère de la Culture et ont reçu un certificat attestant qu’ils sont du niveau de la 4ème année élémentaire. Il faut voir le bonheur de ces grands adultes recevant leurs certificats et tous fiers de savoir lire et écrire.
Nous continuons à accompagner les familles, à être à leur écoute, à leur fournir un appui psychologique, à comprendre leurs besoins, à leur rendre leur dignité souvent bafouée, à leur donner un peu d’espoir et à leur faire sentir que nous sommes solidaires d’elles.
Révoltés par tout ce que nous subissons, voyons, entendons et sentons, oui, nous, les Maristes Bleus, sommes révoltés. Nous ne pouvons pas accepter l’inacceptable.
La compassion est une de nos valeurs. Nous partageons la souffrance de nos frères et sœurs, leur détresse, leur désespoir et leurs drames.
La Solidarité est notre façon de vivre la charité et l’amour avec eux et pour eux.
Alep, le 17 septembre 2016
Dr. Nabil Antaki
[P.S.] Hélas, comme vous le savez, cette trêve une fois de plus, n’a pas été respectée !
Mise à jour : 27 septembre, 6 h 50
Je salue cet article émouvant de Danièle Hamiche, qui a juste commis une petite erreur filiale en faveur du Dr Nabil Antaki, il se trouve que Diane antakli présidente des Baroudeurs de l’Espoir n’est pas sa fille, mais bien la mienne, mais comme toutes ces bonnes actions se passent en famille, on va dire que cette erreur ne porte pas du tout de préjudice à une mission qui ne cesse de sauver des centaines et ds centaines de vies humaines. JCA.