« Sommes nous témoins de la naissance d’une persécution contre les chrétiens en Europe occidentale ? », s’interrogeait, le 31 août dernier, le site protestant américain Charisma News. Signalant quelques cas emblématiques – sur des milliers d’autres – cet article exprime des inquiétudes que nous partageons…
A partir de dimanche 1er septembre 2013, un petit changement, mais significatif commencera à affecter des centaines de milliers de jeunes filles britanniques du Royaume-Uni. Tous les nouvelles adhérentes de l’organisation des Girls Guide [scoutisme féminin], forte de 450 000 membres au Royaume-Uni, ne promettront plus « d’aimer mon Dieu » mais désormais « d’être fidèle à moi-même et de développer mes croyances. »
Ce changement controversé dans le serment d’adhésion est intervenu après que l’organisation des Girls Guide, l’équivalent britannique des guides américaines, a fait une enquête auprès de plus de 40 000 membres et a constaté que 37% des filles « ne croient pas en un dieu. » Près d’un quart de toutes les filles de 8 ans au Royaume-Uni sont membres des Girls Guide.
Le changement dans le texte de la promesse des Girls Guide est très révélateur des grands changements culturels et religieux qui balaient l’Europe de l’Ouest. Traditionnellement considéré comme un continent dominé par le christianisme, les valeurs chrétiennes orthodoxes ne sont aujourd’hui embrassées que par une minorité d’Européens de l’Ouest. Les opinions chrétiennes conservatrices sur tout, de l’avortement, au mariage, à l’euthanasie sont considérées non seulement comme dépassées, mais comme réellement offensantes.
Il y a tout juste un peu plus de 100 ans, plus de 80 % de tous les chrétiens du monde vivaient en Europe ou en Amérique du Nord. Aujourd’hui, ce nombre a chuté sous les 40 % et la plus forte baisse a été en Europe. On estime maintenant que plus de chrétiens vont à l’église le dimanche matin en Chine que sur l’ensemble du continent européen.
Le nombre de chrétiens évangéliques, un mouvement qui est relativement véhément dans sa défense de la doctrine chrétienne, est estimé à moins de 5 % de la population de l’Europe occidentale (aux États-Unis, les évangéliques représentent encore environ 40 % de tous les Américains). Selon le Centre d’études sur le christianisme mondial du séminaire théologique de Gordon-Conwell, la seule grande religion en Europe de l’Ouest qui se développe actuellement est l’islam.
La modification de l’engagement des Girls Guide n’est pas le seul indicateur que les valeurs culturelles ont abandonné les croyances chrétiennes traditionnelles. Le 20 août, Barrie et Tony Dewitt-Barlow, un riche couple gay du Royaume-Uni, ont confirmé qu’ils déposeraient plainte contre la décision du gouvernement britannique autorisant certains groupes religieux à refuser de marier des couples de même sexe. Les premiers mariages homosexuels devraient commencer au Royaume-Uni en 2014, la loi autorisant le mariage gay ayant été voté au début de cette année.
Le 1er Juillet, le pasteur de rue américain Tony Miano, a été arrêté par la police de Londres pour avoir fait des remarques homophobes. Il prêchait sur l’immoralité sexuelle et condamnait ostensiblement toutes les formes de « conduite sexuelle immorale ». C’en était trop pour les passants, et la police a été appelée. Après sept heures d’arrestation, la police a décidé de ne pas porter plainte et Miano a été libéré.
L’an dernier, quatre chrétiens d’Europe occidentale qui ont été licenciés de leur emploi soit pour avoir porté des croix, soit pour avoir refusé d’approuver les unions homosexuelles. Leurs cas ont été portés devant la Cour européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg, en France. Le tribunal a confirmé la condamnation de trois des quatre, en disant que seule une employée de British Airways, avait le droit de porter son collier avec une croix, parce que la compagnie avait pris des dispositions antérieures pour que les salariés d’autres confessions puissent porter des symboles religieux.
Le mois dernier, l’administration Obama a jugé qu’une famille chrétienne qui avait fui aux États-Unis en provenance d’Allemagne après avoir affronté des amendes et des poursuites pour avoir scolarisé à la maison ses enfants, ne pourrait pas bénéficier de l’asile politique. En 1938, le parti national-socialiste d’Adolf Hitler, adopta une loi exigeant que toutes les familles envoient leurs enfants à l’école publique. Cette loi reste en vigueur aujourd’hui, et elle est défendue comme un moyen de promouvoir « l’intégration et la cohésion sociale. »
Malheureusement pour les Romeikes, qui voulaient enseigner à leurs enfants les principes chrétiens orthodoxes et leur éviter d’être exposés à des concepts anti bibliques, cette loi les menace d’éventuelles amendes, de peines de prison et de la perte de leurs enfants, pour avoir refusé de les à l’école publique, s’ils retournent en Allemagne. Leur avocat a fait appel devant la Cour suprême de États-Unis, pour leur éviter une expulsion vers l’Allemagne.
Bien que tous ces événements, pris isolément, ne puissent pas justifier la qualification de persécution religieuse pure et simple, il est de plus en plus clair que la discrimination et le mépris des valeurs chrétiennes conservatrices sont essentiellement la norme en Europe occidentale aujourd’hui. Ironiquement, quand – et si – la persécution pure et simple généralisée commencera, elle passera largement inaperçue, ne serait-ce que parce qu’il y a bien peu de chrétiens qui croient en ce que l’on avait l’habitude de considérer comme la doctrine chrétienne orthodoxe.
Ceux qui sont prêts à affirmer publiquement leurs croyances religieuses sont de moins en moins nombreux. Pour combien de temps encore, les chrétiens conservateurs conserveront-ils même ce droit, s’ils persistent ? Cela n’est pas clair. Avec si peu de chrétiens évangéliques conservateurs, il semble que quand arrivera le dernier jour de l’expression du discours religieux libre en Europe de l’Ouest, ce ne sera pas avec le bruit d’une explosion mais dans un murmure. S’il reste des chrétiens à y prêter attention ce jour-là, il y a toute chance qu’ils ne vivront pas en Europe.
Source : CharismaNews (version française de Claude Lopez-Ginisty, revue par mes soins)
c’est pas nouveau
Le découragement de l’auteur se comprend, mais il a tort. Le Christ a promis que toutes les forces de l’enfer ne détruiraient pas son Église et qu’il resterait avec nous jusqu’à la fin du monde. Il est vrai qu’il a aussi annoncé qu’un jour viendrait, avant cette fin du monde, où Satan serait lâché sur le monde et serait puissant au point de corrompre, s’il se pouvait, les élus eux-mêmes. Mais il a promis Sa victoire finale sur le Mal.
Situation de la perception du christianisme en Europe occidentale parfaitement analysée. Et nous la vivons douloureusement dans notre vie quotidienne : les chrétiens deviennent une minorité – déjà menacée : cela commence par la dérision, puis par les lois discriminatoires, ensuite vient la violence, hélas.