Franchement, il y avait peu de chances de gagner le référé contre la mairie de Gesté ayant décidé la « déconstruction » de l’église que bien des équipes municipales précédentes avaient laissé se dégrader. Le résumé de cette affaire est simple : 1. On laisse se dégrader l’église ; 2. L’église dégradée entraîne qu’on la « déconstruise » ; 3. Les juges constatent que la « déconstruction » est désormais irréversible et déboutent les plaignants. Et voilà pourquoi, Monsieur, votre fille est muette ! La mauvaise fois de bout en bout. Breizh Journal n’en décolère pas. Moi non plus !
Nous recevons à l’instant [12 juillet] l’ordonnance de référé rendue ce midi par le tribunal administratif de Nantes. Le droit y cède à la force : puisque les travaux de démolition sont déjà engagés, le juge conclut qu’ils sont irréversibles et l’urgence est non de les arrêter, mais de les finir. L’association Mémoire Vivante du Patrimoine gestois (MVPG) envisage de se pourvoir en cassation, ce qui est le seul recours possible afin de sauver l’église, dont la mairie a commencé en juin les travaux de démolition.
En examinant de plus près la requête, l’on constate que le juge administratif Chupin – qui avait déjà donné tort à l’association en 1ère instance en 2011, lorsqu’elle contestait le permis de démolir de l’église annulé par la suite par la cour d’appel – constate cependant que la délibération municipale du 6 mai 2013 autorisant la démolition et la reconstruction de l’église « n’a pas été complètement exécutée » puisque « il n’est pas établi (…) que les entreprises chargées de la reconstruction aient été désignées ».
Dans un prodigieux élan de mauvaise foi judiciaire, le juge écrit « il a été établi à l’audience que la nef est désormais démolie (…) que les travaux de déconstruction (…) sont ainsi largement avancés et présentent un caractère irréversible (…) il y a urgence désormais que les travaux de démolition-reconstruction soient achevés ». L’argument est simple : puisque les travaux de démolition ont commencé, ils doivent finir. Avec de telles raisons, n’importe quel monument français – protégé ou non – peut être démoli. La brèche juridique est d’importance et devrait permettre – sauf arrêt contraire du Conseil d’Etat dans les prochains mois – que bien d’autres églises françaises laissées à l’abandon par leurs mairies et paroisses respectives tombent – près de 200 sont ainsi en première ligne.
La nef de l’église n’est pas détruite. Seuls manquent le mur pignon ouest, la charpente et la moitié de la hauteur du mur sud. Le mur nord de la nef, le chœur, le clocher et la crypte sont intacts. Une réalité matérielle qui n’impressionne pas le juge administratif, qui ne se fonde que sur le rapport d’huissier du 25 juin 2013 favorable à la mairie et balaie toutes les pièces (versées au dossier) qui permettent de cerner l’état de dégradation de l’édifice avec précision, notamment le rapport récent de l’APAVE dont nous parlions dans le compte-rendu de l’audience du TA de Nantes du 8 juillet.
La décision du juge administratif de Nantes s’inscrit dans la longue spirale du déclin du droit : celle qui favorise, avec la complicité de l’inertie administrative et de la collusion des intérêts du pouvoir et des bétonneurs, le saccage des littoraux en Corse, en Provence ou en Bretagne. Celle qui reprend une à une les jurisprudences favorables aux associations et aux riverains qui espèrent protéger l’Histoire, l’environnement et leur cadre de vie. Celle qui sacrifie les libertés fondamentales aux intérêts des multinationales du béton, quitte à multiplier les illégalités flagrantes et le déni de justice, comme ça a été le cas plusieurs fois dans la mise en œuvre de l’aéroport de Notre-Dame des Landes ou du moins des tentatives du pouvoir pour essayer de se rendre maître du terrain.
(…) Les habitants de l’ancienne Vendée militaire baisseront-ils la tête devant leurs élus auréolés de leur vaine gloriole ? L’avenir seul le montrera : en attendant que le Conseil d’Etat se prononce, il ne reste qu’une solution aux défenseurs de l’église, qu’ils soient de Gesté ou d’ailleurs. Se porter au devant des pelleteuses fin août, et prier.

Source : Breizh Journal
les chouans doivent se retourner dans leurs tombes….!!!
Encore une fois, les habitants doivent trouver là , la raison de sévèrement sanctionner ce maire et son équipe municipale dans les urnes , aux prochaines élections
Une question et une remarque.
– Cette église ayant été reconstruite au XIXe siècle, que reste-t-il de l’église précédente qui vit la colonne du général Cordellier massacrer 138 habitants durant la guerre de Vendée ?
– Pendant ces derniers mois, on a répété sans arrêt l’argument qui consiste à réfuter les termes forgés par les adversaires pour neutraliser toute critique à leur encontre. Or “déconstruction” est un mot de la “novlangue”. Son utilisation, y compris par les opposants, contribue au formatage des esprits. Pourquoi ne pas appeler “appeler un chat un chat” et donc utiliser les termes véritables de notre langue à savoir “démolition”, “destruction” ?
Je pense qu’il faut aussi que nous chrétiens de France nous remettons en questions, si nous étions plus nombreux à aller à l’Eglise et à donner notre denier, le curé de la paroisse aurait pû faire les reparations nécessaires tout seul, sans rien demander à personne. Accessoirement, la ferveur populaire aurait pû stopper ces fou furieux de responsables politiques…
@Nico
L’entretien des églises est à la charge des communes (celui des cathédrales à l’État). Toutes les églises construites avant 1905 ayant été volées à l’Église catholique en France, soit on les rend aux catholiques, soit les communes les rendent à l’Église. Ma position est binaire mais fondée en logique.
On peut faire l’hypothèse inverse. Imaginons un instant que, pour faire des économies, l’État et les communes – en faillite ou par idéologie – restituent à l’Église de France les cathédrales et églises confisquées en 1905. Où les évêchés et les paroisses trouveraient-ils l’argent nécessaire pour l’entretien de l’immobilier et de son mobilier ?
Plusieurs années avant la Révolution – on ne signale jamais ce fait – nombre d’églises étaient en déjà en très mauvais état (je le sais car j’ai lu des actes notariés et des inventaires d’époque faits sur ordre du diocèse).
La fréquentation des églises avait déjà diminué par rapport au siècle précédent (moins de dons aux églises dans les testaments notamment).
Je signale le cas d’une église abbatiale où, dès le milieu du XVIIIe siècle, six travées d’époque romane de la nef furent démolies car les quelques moines qui vivaient dans l’abbaye n’avaient plus les moyens de les sauver de la ruine.
Et la fréquentation des églises était bien supérieure à celle d’aujourd’hui.
A méditer surtout qu’au XXIe siècle, beaucoup d’évêchés se débarrassent des presbytères et des immeubles situés dans les paroisses rattachées aux paroisses principales.