S.B. Louis Raphaël Ier Sako, patriarche de Babylone des Chaldéens, a adressé ce matin une lettre à tous les membres du Conseil irakien des Représentants – c’est-à-dire des députés de la Chambre basse, la chambre haute, le Sénat, n’existant que sur le papier… Cette lettre, c’est ma conjecture, était destiné aux députés alors qu’ils s’apprêtaient, quelques heures plus tard, à se réunir de nouveau pour tenter d’élire leur Président : toutes les précédentes tentatives ayant échoué. Il les y presse à trouver rapidement une solution à la crise institutionnelle qui aggrave la crise politique et militaire que connaît cet infortuné pays. La lettre est datée de ce jour, 15 juillet, et a été postée sur le site du patriarcat vers 8 h ce matin (selon mes calculs qui peuvent être erronés…). Curieusement, une partie de la demande du patriarche semble avoir été exaucée, puisque le Conseil irakien des Représentants a élu à la majorité absolue, vers midi, aujourd’hui d’un Président en la personne de Salim al-Jabouri, 43 ans, professeur de droit, secrétaire général adjoint du Parti islamique Dawa – le parti de l’actuel Premier ministre controversé Nouri el-Maliki – et ancien président de la Commission des droits de l’homme du parlement. Voici ma traduction intégrale du texte de la lettre du patriarche, suivie de deux précisions (* et **) et de son fac-similé.
Salutation !
Dans un temps où notre cher Irak sombre dans une crise de sécurité et dans le désordre, et alors que chaque jour voir grandir le nombre de cadavres et de réfugiés et que les destructions ne cessent de s’accroître, nous ajoutons notre humble voix en tant que responsable religieux en Irak, aux voix des honorables shiites et sunnites, vous suppliant d’accélérer l’élection des trois présidences* pour sauver le pays des dangers de la désorganisation et des pertes.
C’est une responsabilité nationale, historique et morale qui s’impose à vous. Par conséquent, commençons à offrir quelques “concessions” et œuvrons avec acharnement pour élire au plus vite les trois présidences car la vie des Irakiens et l’unité de l’Irak sont en péril. Nous, comme citoyens, nous comptons sur votre compréhension pour le salut pour tous**.
Nous suggérons à Vos Excellences de réciter cette prière à l’ouverture de vos réunions :
« Dieu, aide-nous afin que nous puissions recourir au dialogue entre nous et que nous puissions nos comprendre les uns les autres pour résoudre les malentendus entre nous, loin de toute restriction et de tout sectarisme. Dieu aide-nous à répandre la paix et la tranquillité parmi notre peuple, afin que l’Irak puisse sortir victorieux de sa crise. Amen ».
Nous plaçons en vous un grand espoir et une haute confiance. Nous avons, avec des millions d’Irakiens, vraiment hâte d’entendre des bonnes nouvelles.
Louis Sako, Patriarche chaldéen
* Les trois « présidences » dont il est question sont celle du Parlement (Conseil irakien des Représentants), de l’État (le Président est Jalal Talabani, un Kurde sunnite, mais son état de santé le tient hors des affaires politiques – il serait toujours soigné en Allemagne pour un AVC – et son troisième mandat prend fin en novembre de cette année), et du Conseil des ministres. Dans la Constitution irakienne, le Conseil des Représentants est la clef des institutions puisque c’est lui qui nomme le Président de la République lequel, à son tour, nomme le Premier Ministre en principe dans le groupe qui a la plus forte représentation au Conseil des Représentants.
** La phrase qui précède ne figure pas dans la version anglaise de la lettre du patriarche, telle qu’elle a été communiquée par l’Agence Fides. J’ai tenté une traduction à partir de la version arabe : elle vaut ce qu’elle vaut…
Source : Agence Fides (15 juillet), Alarabiya.net (15 juillet)