S’il en était besoin, encore une manifestation du mésusage de la loi sur le blasphème au Pakistan, qui sert à toutes sortes de méfaits…
La Jerusalem Church de Karachi est une communauté chrétienne pentecôtiste qui regroupe environ 300 familles. Fides a appris que depuis un mois, les membres de cette communauté reçoivent des menaces afin qu’ils renoncent à la propriété de l’église, sous peine d’être accusés de blasphème. Les membres de la communauté ont été approchés par des personnes louches et invités à abandonner l’église et à ne jamais plus y revenir. Le pasteur, Ilyas Masih, a confirmé que les avertissements ont été nombreux. Selon les chrétiens, derrière les menaces se trouveraient des criminels locaux connus pour leur violence et leurs méthodes illégales, désireux de spéculer sur les propriétés d’autrui. « Nous avons déjà reçu des avis visant à nous empêcher d’animer nos liturgies avec des instruments musique et à ce que les jeunes filles chantent dans la chorale » [ou que la chorale soit aussi constituée de garçons selon une autre source] a expliqué le pasteur. « Il est intimé à nos fidèles de ne pas fréquenter l’église ». Le pasteur a déposé une plainte auprès de la police locale, demandant davantage de protection. Un avocat local remarque pour Fides que « ce cas également confirme l’abus perpétré à l’encontre de citoyens pakistanais chrétiens que l’État a le devoir de défendre ». Il remarque en outre « l’usage instrumentalisé de la loi sur le blasphème, brandie comme une épée pour frapper éventuellement des personnes innocentes ». « En tant que citoyens chrétiens, nous faisons confiance à la police et aux institutions afin qu’elles protègent l’État de droit », réaffirme à Fides le Père Mario Rodrigues, directeur de la commission Jeunes de l’archidiocèse de Karachi. « Des épisodes liés à l’abus de la loi sur le blasphème sont encore fréquents et les chrétiens en font souvent les frais. Le projet de réforme visant à corriger de tels abus constituerait un progrès de la part du gouvernement » conclut le pasteur.
Source : Agence Fides (11 juin)