Si l’État Islamique bat de l’aile en Irak, il possède encore une effroyable capacité de nuisance. Alors qu’il n’est pas encore éradiqué dans ce pays, de nouvelles tensions éclatent, notamment entre le gouvernement de Bagdad et le gouvernement régional du Kurdistan. Comme je l’ai souvent écrit, les chrétiens irakiens risquent énormément dans ce nouvel affrontement où la violence armée commence à se manifester. Une fois de plus, le patriarche Sako appelle toutes les parties à la raison et à la réconciliation.
Les « circonstances sans précédents » dans lesquelles se trouvent actuellement l’Irak constituent « le résultat de tout ce qui a eu lieu en Irak, du nord au sud, depuis de nombreuses années ». C’est pourquoi la nouvelle phase critique ne pourra être surmontée que par une collaboration nationale allant « au-delà de cette crise même » et visant à éradiquer les causes profondes de l’instabilité et de la fragilité qui affligent le pays depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Il s’agit d’un appel au ton grave que celui qui a été adressé en ces heures par le Patriarche de Babylone des Chaldéens, S.B. Louis Raphaël Ier Sako, à l’ensemble des autorités politiques irakiennes, tant nationales que régionales, afin qu’elles prennent conscience du caractère dramatique du moment et qu’elles évitent de nouvelles souffrances à la population. L’appel, diffusé par l’intermédiaire des canaux officiels du Patriarcat, qui a précédé l’audience qu’a eu hier le Patriarche et ses évêques auxiliaires avec le Président irakien Fouad Masum, souligne l’urgence d’une « véritable réconciliation nationale » qui reconduise l’ensemble du processus politique dans des paramètres ad hoc de confrontation institutionnelle. Tout en ne mentionnant pas le mot Kurdistan, le Parriarche critique explicitement les modalités selon lesquelles a été réalisé le référendum indépendantiste de la Région autonome du Kurdistan irakien et les réactions que ce dernier a suscitées chez le gouvernement irakien. La réconciliation nationale, « et pas seulement le référendum » est-il indiqué dans l’appel patriarcal parvenu à l’Agence Fides, « peut porter concrètement et de manière adéquate hors de l’ensemble de la crise ». Selon le patriarche, « les justes solutions ne peuvent être obtenues sans négociations et sans changer de mentalité. Seule cette voie portera les différents responsables à offrir courageusement des concessions réciproques et à coopérer ensemble contre le danger de créer de nouveaux conflits, et donc pour protéger la population avant de se soucier des puits de pétrole » ajoute le Patriarche, se référant implicitement aux opérations militaires conduites par le gouvernement irakien pour reprendre le contrôle de la région pétrolière de Kirkuk.
Source : Agence Fides, 19 octobre