Président de la Coordination Chrétiens d’Orient en Danger (CHREDO) et vice président du Conseil régional d’Île-de-France, Patrick Karam a donné une remarquable tribune libre à Figaro Vox le 15 août dernier. En voici de larges extraits.
En cette fête de l’Assomption, au son des clochers de nos églises répondent encore les cloches des églises d’Orient. Mais cet écho s’affaiblit, se désespère et son étouffement fait craindre son prochain effacement.
Le XXe siècle avait vu l’érosion progressive mais irrésistible de la présence des derniers chrétiens qui atteignaient encore dans les années 50 entre 15 et 20 % des populations d’Orient pour ne plus représenter que 3 ou 4 % à la fin du siècle. Le début du troisième millénaire va-t-il signer leur disparition sur les terres qui ont vu naître et se développer le christianisme ? […]
Leur survie est désormais compromise en ce début du XXIe siècle par l’émergence en Syrie et en Irak de mouvements djihadistes qui remettent en question les équilibres politiques et religieux et le pacte tacite qui avaient jusque-là assuré une certaine stabilité de la présence chrétienne
Pour la première fois, les chrétiens qui se sentent étrangers dans leur propre pays émigrent massivement et ceux qui restent envisagent désormais l’exil comme la seule condition de leur survie. Leur départ précède celui d’une élite musulmane craignant le fanatisme totalitaire qui ne manquera pas de les prendre également pour cible.
Des siècles d’histoire et de civilisation peuvent-ils ainsi s’effacer sans que cela suscite l’indignation de leurs coreligionnaires occidentaux et émoi de leurs compatriotes arabo-musulmans ? […]
L’épuration religieuse massive et silencieuse qui était en cours en Orient, a laissé la place à une stratégie de la terreur qui vise ouvertement à éliminer toute présence chrétienne, toute identité multiple, tout souvenir du christianisme et de son rôle historique dans la construction de ces peuples et de ces Etats. Elle vise en fait à rendre cet espace géopolitique hostile et impénétrable à l’Occident.
Pourtant, l’Europe continue à minimiser leur situation en la comparant aux autres communautés qui subissent elles aussi, c’est vrai, la guerre et la terreur, alors même que les situations ne sont pas comparables.
Les chrétiens sont persécutés uniquement parce qu’ils sont chrétiens, parce qu’on les assimile à l’Occident, et que l’on veut faire disparaître les racines chrétiennes de ces pays.
À la différence des autres communautés, les chrétiens d’Orient n’ont pas de territoire sanctuaire où ils pourraient se réfugier, ils n’ont pas d’armée pour les défendre, ils n’ont pas de partis politiques pour porter leurs intérêts (sauf au Liban), et ils n’ont pas non plus de protecteurs internationaux […]
Mais qui défend les chrétiens d’Orient? Personne en vérité. Pas plus les Arabes que les Occidentaux […]
L’Occident, très réactif à condamner les violations des droits de l’homme partout dans le monde, est gêné d’afficher sa solidarité avec des populations qui portent depuis près de 2000 ans ses valeurs, des populations à qui il doit sa civilisation et son identité.
Au nom de ces hommes et de ces femmes persécutés parce qu’ils sont chrétiens, la France, quant à elle, qui a une responsabilité particulière en Orient, aurait dû assumer sans complexe sa tradition, celle qui a commencé avec saint Louis, celle qui ne craint pas d’afficher sa solidarité avec les peuples opprimés et les chrétiens d’Orient. Mais sa voix ne porte pas au-delà des protestations d’usage destinées uniquement à calmer son opinion publique révoltée par les souffrances de populations qui revendiquent une double filiation civisationnelle, avec l’Occident et avec le monde arabe.
Mais l’Occident, oublieux des populations qui portent ses propres valeurs, n’éprouve pas le besoin de se tourner vers le passé commun qui le relie à ces chrétiens attachés à leur religion et à leur identité. L’Europe, et la France en particulier, ne cherchent pas dans le passé des raisons de fierté car leur contribution au développement de l’humanité et leurs apports multiples les portent à se projeter dans un futur apaisé et dépassionné dans lequel la religion chrétienne aura été évacuée au nom notamment de l’apaisement avec les musulmans.
L’Occident paye son aveuglement. Il a fermé les yeux sur la persécution des chrétiens d’orient, qui sont, avec les femmes, les thermomètres de la poussée des fièvres qui se manifestent dans la région, et aujourd’hui c’est sa sécurité qui est menacée. Les milliers de Français et d’Européens qui rejoignent les organisations terroristes, les millions de réfugiés qui déferlent en Europe, la déstabilisation de tout l’Orient auraient pu être évités si la menace avait bien été prise en compte et entraîné une réaction à la hauteur des dangers.
Faute de considérer que les chrétiens sont chez eux en Orient et de tout mettre en œuvre pour les aider à retourner sur les terres qui ont vu naître et grandir le christianisme, faute d’agir avec fermeté pour défendre leurs droits et exiger l’égalité de traitement avec les populations musulmanes, l’hémorragie se poursuivra.
Dans moins d’un demi-siècle, à l’exception de l’Égypte, les chrétiens trop peu nombreux seront incapables de se vivre en communauté et ils seront absorbés dans l’anonymat des villes qu’ils devront rejoindre après avoir abandonné des villages désormais désertifiés. Dans ces conditions, ils ne pourront pas préserver et afficher une identité particulière et devront se plier au dictat de la majorité conquérante. L’Orient se refermera sur une homogénéité religieuse et les atouts du pluralisme qui ont construit ces pays et ces civilisations seront désormais souvenir ancien. Il faut craindre alors que les cloches qui résonnent le 15 août pour honorer la Vierge Marie, ne rencontrent plus d’écho en Orient. Elles sonneront sans doute le glas de la présence chrétienne sur ces terres historiques du christianisme.
Source : Figaro Vox, 15 août
Les Chrétiens de France n’ont pas fermé les yeux sur le martyr des Chrétiens d’Orient, ce sont les dirigeants de ce pays qu’ils l’ont fait, d’ailleurs ne sommes nous pas , peuple de France en train de payer ces silences.
La négation et l’impunité du génocide des Arméniens, et plus largement des Syriaques, des Assyriens et des Grecs pontiques, autrement dit la négation et l’impunité de la destruction des chrétiens d’Asie mineure ont ouvert la voie du génocide des juifs en Europe, autorisent aujourd’hui la destruction des chrétiens de la zone arabe de l’ex-Empire ottoman et favorisent le carnage qui s’annonce en Europe.
SVP, est-ce que Monsieur le Président de la Coordination Chrétiens d’Orient en Danger (CHREDO) et vice président du Conseil régional d’Île-de-France,pourrait nous expliquer comment le Président Hollande a pu dire hier
«Nous sommes parmi les protecteurs des chrétiens d’Orient» ?
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Combien de jours nous séparent des événements désormais inéluctables, annoncés par la Reine des Prophètes ? ***
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Je crains que vous n’ayez raison. Il ne faut pas compter sur les cathos infiltrés par les idées 68tardes.
Ce qui paraît extrordinaire c’est la “passivité” de la hiérarchie catholique, notamment en France où la CEF paraît totalement déconnectée (Cardinal Barbarin mis à part et on sait ce que son engagement lui a coûté d’ennuis d’un autre ordre …) et même indifférente à ce qui s’est passé là-bas, préfiguration de ce qui se passera ici … “A Dieu vat” ?