Une violence gratuite, aveugle et incessante qui répand la terreur dans cette jeune province – elle fut créée en juillet 2015 – du Kasaï-Central. L’aspect bien modeste de ce “Grand séminaire” ajoute à la tristesse de cette information.
Les miliciens de Kamwina Nsapu ont saccagé le Grand séminaire de Malole de Kananga, en République démocratique du Congo. « Les miliciens ont enfoncé systématiquement les portes des chambres et détruit tout ce qui s’y trouvait. Ils sont entrés dans les chambres des enseignants et ont brûlé leur bagages » a déclaré à Radio Okapi le recteur du séminaire, le Père Richard Kitenge. Après un affrontement d’une heure, l’armée est parvenue à libérer le séminaire des mains des miliciens. Les faits remontent à samedi 18 février, la veille de l’appel du Pape François, lancé après l’Angelus dominical en faveur de cette province congolaise bouleversée depuis des mois par les violences des partisans du défunt chef traditionnel Kamwina Nsapu, tué [le 13] août par les forces de sécurité. Dans un communiqué envoyé à l’Agence Fides, l’évêque de Luiza, Mgr Félicien Mwanama Galumbulula, avait dénoncé des « violences exceptionnelles et des atrocités inimaginables vis-à-vis de la population » commises par les miliciens de Kamwina Nsapu dans différentes localités de son diocèse sis dans le Kasai central.
Source : Agence Fides, 20 février
Lisant pour la première fois quelque chose à propos de ce “Kamwina Nsapu” dont je n’avais jamais entendu parler, j’ai tâché de comprendre de quoi il retournait.
Voilà ce que j’ai trouvé, et qui m’a bien étonnée.
Contrairement à ce que beaucoup pourraient imaginer – je l’ai moi-même imaginé !- ces miliciens de “Kamwina Nsapu” n’ont aucune liaison ni avec les islamistes, ni avec les rebelles congolais qui exploitent le coltan et la cassérite indispensables à nos chers smartphones, commettant crimes sur crimes pour garder le magot, non, non pas du tout, rien à voir avec ces deux horreurs.
C’est en réalité un problème de chefferie traditionnelle car certains chefs au Congo, roitelets locaux, sont reconnus comme autorités valables et salariés par le gouvernement central de la RDC, comme le serait par exemple des maires élus ou des préfets nommés, alors que d’autres chefs traditionnels ne sont pas adoubés par ce même pouvoir central, créant ainsi des conflits interethniques et des conflits ethnies / gouvernement central et donc forces de police du-dit gouvernement central, qui, elles, ne se privent apparemment pas de commettre moultes exactions inadmissibles, qui mettent les populations locales en révolte. Lisez un peu cet article de RFI assez clair.
http://www.rfi.fr/afrique/20170214-rdc-affrontements-kasai-central-kamwina-nsapu-centre-tensions
Donc ces miliciens “Kamwina Nsapu” ou “Kamuina Nsapu” selon les graphies, sont les partisans de feu Kamwina Nsapu, de son vrai nom Jean-Pierre Pandi, qui a exercé comme médecin en Afrique du Sud, et qui a été tué en août 2016 par les forces de l’ordre gouvernementales alors qu’il avait hérité de son père le titre de roi local et entendait bien en recevoir la reconnaissance du pouvoir central, ce qui n’a pas été le cas. Était-ce à cause de son peu d’empressement à soutenir la politique de ce dernier ? Ou à cause d’un problème financier ? Ou d’une autre raison ? Je l’ignore, mais ce qui est sûr, c’est qu’il était en bisbille avec le pouvoir central, il a été assassiné par la police gouvernementale il y a 6 mois, et ses partisans se vengent sur tout ce qui peut leur apparaitre comme étant des tenants de la politique centrale. L’église catholique locale ferait les frais de ce conflit apparemment. Pour quelles raisons elle serait apparue aux partisans de Kamwina Nsapu comme soutenant le gouvernement central ? L’histoire ne le dit pas.
Mais les violences inadmissibles relatées dans cet article ne sont peut-être pas aussi “gratuites” que vous l’évoquez @M. Hamiche.