Excellente mise au point publiée hier sur le site de Aide à l’Église en Détresse (AED) : au Soudan, évêques et prêtres catholiques ne dispose d’aucun statut juridique et sont, en quelque sorte, des illégaux dans leur propre pays…
« Au Soudan, les évêques et les prêtres vivent de fait comme des personnes illégales depuis l’indépendance du Sud Soudan. », a déploré Mgr Eduardo Hiiboro Kussala [évêque du diocèse sud soudanais de Tambura-Yambio] lors d’une rencontre avec l’AED le 10 juillet. La Constitution du Soudan garantie certes les mêmes droits à tous les citoyens, indépendamment de leur appartenance religieuse, mais la réalité est toute autre : « Lorsque nous confrontons les responsables avec cet état de faits, ils soulignent que les chrétiens bénéficient des même droits que tous leurs compatriotes, mais rien ne change sur le plan juridique. Les évêques et les prêtres n’obtiennent pas de passeports et n’ont aucun statut légal. Certes, ils peuvent quitter le pays, mais il peut leur être refusé d’y retourner. Des prêtres ont déjà été expulsés et les évêques sont condamnés à se taire », affirme Mgr Kussala [qui] poursuit : « Les chrétiens du Soudan peuvent effectivement prendre part à des offices religieux sans être inquiétés, mais il n’existe pas de véritable liberté de religion et de conscience dans le pays. Le cas honteux de Mariam Yahia Ibrahim Ishaq qui, contrairement à de nombreux autres cas, est devenu public, le montre clairement. » (…) À ce sujet, Mgr Kussala ajoute : « Dans son entourage, on la connaissait depuis longtemps comme étant chrétienne. Pour des motifs quelconques, elle a d’abord été victime de chantage puis accusée d’apostasie. Le gouvernement ne s’est pas exprimé sur ce cas et a tout simplement laissé main libre aux oulémas. » Selon Mgr Kussala, la discrimination des chrétiens au Soudan ne découle pas d’une évolution récente, mais sous sa forme actuelle, c’est une réaction à la division du pays, qui a lieu il y a trois ans : « L’Église ayant toujours appelé les responsables politiques à respecter la dignité humaine, leur liberté et aussi leur choix pour ce qui concerne la question de l’indépendance du Sud Soudan, elle est maintenant rendue responsable de la séparation du Sud Soudan. Mais l’Église n’a pas d’objectifs politiques. Nous ne faisons qu’inviter la politique à respecter la liberté de croyance et de religion ». Grâce à sa conférence épiscopale commune, l’Église des deux pays reste unie malgré la nouvelle frontière. L’un de ses principaux soucis réside dans le dialogue interreligieux. Mgr Kussala estime que le Soudan compte plus de trois millions de chrétiens.
Source : Aide à l’Église en Détresse (11 juillet)
Pardonnez mon ignorance, mais je croyais qu’avant son indépendance , le Sud Soudan était en majorité chrétien et animiste. Depuis l’indépendance il serait devenu majoritairement musulman. Est-ce dû au déplacement forcé des populations du Sud vers le Nord ou à une infiltration d’autres populations radicalement musulmanes ? Venues du Nord ?
@Sylvie
Relisez attentivement le post. L’évêque est ordinaire d’un diocèse du Sud Soudan, mais il parle de la situation de l’Église catholique en République du Soudan, au Nord…
comment les musulmans pourraient-ils comprendre que :” l’Eglise n’a pas d’objectifs politiques”, alors que l’islam est à la fois religion et politique? difficile de s’expliquer avec les musulmans