Mgr Jacques Behnan Hindo est le titulaire de l’archi-éparchie (archidiocèse) syro-catholique d’Hassaké-Nisibi. Étant sur place, son témoignage doit être pris avec confiance. Ce qu’il dénonce, les violences et les intimidations des milices kurdes envers les chrétiens visant à les chasser de leur quartier, n’est pas limité à la ville d’Hassaké et à ses environs : d’autres cas ont été signalés dans d’autres endroits de Syrie. L’archevêque a lui-même failli être victime de ces violences. Voici ce qu’il a révélé à l’Agence Fides.
« Chaque fois que les miliciens kurdes entrent en action pour réaffirmer leur hégémonie militaire sur la ville, explique l’archevêque, l’épicentre de leurs incursions et de leurs actions de force est toujours le quartier des six églises, où vit la grande majorité des chrétiens. Dans de nombreux cas, ils ont chassé les chrétiens de leurs maisons sous la menace des kalachnikovs et là où ils entrent, ils saccagent tout ». Mgr Hindo confie avoir été lui-même victime d’un acte d’intimidation au cours des semaines passées, lorsque la fenêtre de son habitation a été prise pour cible par des tirs d’arme à feu et qu’une balle a manqué de peu sa tête. « À ce moment-là, ajoute l’archevêque, la zone était contrôlée par des miliciens kurdes et aucune autre personne armée n’était présente aux alentours ». Un convoi humanitaire organisé voici quelques jours par les bénévoles de l’archidiocèse afin de distribuer de la nourriture aux habitants musulmans d’Haddadi et de 16 villages environnants, contrôlés pendant une période par les djihadistes du prétendu État Islamique, a, elle aussi, été prise pour cible par des tirs d’artillerie. « Il est certain, fait remarquer Mgr Hindo à propos de cet incident, qu’il ne s’agissait pas de tirs provenant des djihadistes, dont les bases les plus proches se trouvent à plus de 20 km de distance ». Selon l’archevêque, les initiatives des miliciens kurdes ont pour but d’affirmer leur contrôle sur l’ensemble de la ville d’Hassakè pour ensuite consolider leur suprématie sur toute la région, aux dépens des forces armées régulières. Mais un détail ajouté par l’archevêque laisse entendre combien la situation sur le terrain est confuse et différente de certains stéréotypes véhiculés en Occident sur le conflit syrien. « À Shaddadi, qui fut un temps une place forte des djihadistes,indique Mgr Hindo, les miliciens kurdes ont maintenant repris la main. Mais sous leur commandement ont aussi été enrôlés de nombreux habitants du l’endroit qui, auparavant, l’étaient dans les milices djihadistes du prétendu État Islamique ».
Source : Agence Fides, 20 septembre
Quelle est la religion des kurdes ?
Si c’est l’Islam, leur double jeu est normal