Comme si la tragédie des chrétiens forcés à fuir de chez eux ou otages des islamistes n’était pas suffisante… Un projet, plus qu’ambiguë, pourrait aussi les spolier des biens qu’ils ont laissés sur place : maisons, terrains…
Les chefs des Églises et des institutions et organisations chrétiennes présentes dans la province syrienne nord-orientale d’Hassaké expriment leur ferme contrariété à un projet de « protection et gestion » des propriétés des personnes ayant émigré, soutenu par les forces politiques majoritaires et par l’administration locale kurde. Dans un communiqué signé par les évêques et chefs des communautés chrétiennes locales – dont Mgr Jacques Behnan Hondo, titulaire de l’archiéparchie syro-catholique d’Hassaké-Nisibi – mais également par des mouvements et organisations opérant au sein de la société civile – comme les corporations rurales de paysans et l’organisation de la jeunesse pour la réconciliation nationale – est dénoncé comme « contraire aux droits fondamentaux » le droit autoproclamé des autorités locales de confisquer et de gérer les biens et propriétés des personnes ayant quitté leurs maisons et été contraintes à émigrer à cause du conflit en cours en Syrie. Selon les signataires de la dénonciation, cette disposition constitue une menace en particulier pour la présence des chrétiens dans la région, auxquels appartiennent plus de 30 % des terrains et des biens immobiliers dans les zones rurales. Le choix de créer des organismes chargés de contrôler et de gérer les propriétés appartenant à des personnes ayant temporairement quitté la zone représente, selon les chefs des Églises et communautés chrétiennes, une mesure d’intimidation tant pour ceux qui ont été contraints de s’éloigner de leur maison, et qui, après avoir subi l’expropriation forcée de leurs biens, verraient ainsi compromis leur droit au retour, que pour ceux qui demeurent sur place et sont de cette manière conduits à penser qu’il est préférable de vendre ces propriétés avant de se les voir exproprier en cas d’absence temporaire. Par cette décision, peut-on lire dans le communiqué, on souffle sur le feu du conflit confessionnel. Dans cette même prise de position, parvenue à l’Agence Fides, les responsables chrétiens de la région s’expriment également contre l’augmentation arbitraire des taxes et contre les tentatives d’interférence des autorités locales dans le fonctionnement et les programmes des écoles privées, à commencer par celles liées aux différentes communautés chrétiennes. Aux dénonciations des chefs chrétiens de la région d’Hassaké, des représentants du Parti de l’Union démocratique, parti kurde lié au PKK, ont répliqué : selon eux le projet de gestion et de protection des propriétés de ceux qui ont fui vise justement à éviter que ne se vérifient des appropriations abusives de la part de particuliers.
Source : Agence Fides, 23 octobre