L’arbre c’est, bien sûr, l’inauguration officielle pour le Noël copte orthodoxe de la cathédrale de la Nativité, enfin achevée dans la nouvelle capitale administrative égyptienne située à 45 km du Caire, en présence du patriarche Théodore II et du Président Abdel Fattah al-Sissi. Un événement salué à juste titre dans le monde entier. Mais la forêt qui est dissimulée, ce sont ces milliers d’églises qui attendent toujours leurs autorisations administratives pour se construire ou être réparées… Tant pis si l’on nous accuse de jouer les Cassandre, mais les faits sont les faits et l’ONG Coptic Solidarity vient à propos de nous les rappeler dans un communiqué qui ne donne pas dans l’irénisme…
Coptic Solidarity salue l’inauguration d’une nouvelle cathédrale dans la capitale administrative de l’Égypte. Toutefois, une seule église ne demeure qu’un symbole si elle ne s’accompagne pas de changements authentiques pour les conditions de vie des Coptes. Cela n’autorise pas à nier la persécution contre les Coptes d’Égypte qui se poursuit du fait du gouvernement et de la société, et du manque de liberté religieuse dont ils souffrent. Cela ne corrige que d’une manière minime les dizaines d’années de restrictions pénibles de la part du gouvernement égyptien à la restauration et à la construction d’églises. Beaucoup de villes demeurent sans la moindre église.
Dans un récent rapport publié par The Early Warning Project, diffusé par le U.S. Holocaust Memorial Museum, l’Égypte a été placée au troisième rang des pays où un génocide pourrait […] survenir. Outre la stricte restriction imposée à la construction et à la restauration des églises, les Coptes mènent une vie de citoyens de seconde classe dans tous les domaines et ils doivent faire face à des attaques contre leurs personnes et leurs biens : cela a poussé environ 15 % des Coptes à fuir l’Égypte rien qu’au cours de ces toutes dernières années. En août 2016, la Loi 80 a été promulguée en Égypte : elle a été louée car elle devait faciliter et simplifier le processus de construction des églises. Toutefois, une récente étude de POMED [Protection on Middle East Democracy] sur l’application de cette loi, a découvert que, jusqu’à novembre 2018, le gouvernement égyptien n’avait accordé que 8 permis de construction de nouvelles églises, un taux d’autorisation qui est en-dessous de celui qui existait sous le Président Moubarak, et qu’environ 3 800 églises étaient sans autorisation et attendaient d’être légalisées : le gouvernement n’en a depuis, et encore sous condition, reconnu que 627 et il en a définitivement fermé 9. Pour souligner la situation difficile des chrétiens en Égypte, signalons que l’église Mar Girgis [Saint-Georges] de Minya a été illégalement fermée et que deux prêtres en ont été expulsés tout juste deux jours après l’inauguration de la nouvelle cathédrale.
Coptic Solidarity conteste les récentes déclarations de fonctionnaires des États-Unis et de la délégation qui s’est rendue en Égypte, et qui prétendent que l’inauguration de la cathédrale démontre le haut niveau de liberté religieuse en Égypte, et elle conteste aussi les superbes effusions de louange pour le gouvernement égyptien. De telles déclarations sont en contradiction directe avec la réalité qui est celle de l’augmentation de la persécution et de la discrimination contre les Coptes et les autres minorités religieuses ainsi que le documentent le rapport IRF [International Religious Freedom] sur l’Égypte de la USCIRF [United States Commission on International Religious Freedom], la société civile et les chiffres de construction d’églises.
Coptic Solidarity soutient les efforts destinés à combattre le terrorisme islamique et à garantir la sécurité et la stabilité de l’Égypte. Elle reconnaît aussi le rôle important que joue l’Égypte dans la stabilité de la région.
Toutefois, et comme nous l’avons déjà affirmé, atteindre ces objectifs de sauraient se faire au détriment des droits de l’homme et de la liberté religieuse, en cohérence avec les affirmations du secrétaire [secrétaire d’État : ministre des Affaires étrangères] Pompeo. Comme l’a déclaré le Dr George Gurguis, président de Coptic Solidarity, lors de son audition devant la Commission Tom Lantos des droits de l’homme : « La guerre contre le terrorisme doit être menée moins sur les champs de bataille qu’à l’intérieur même de l’Égypte (et de l’Arabie saoudite), et contre des institutions comme Al-Azhar qui n’ont cessé de promouvoir cette idéologie totalitaire de haine des islamistes salafistes et wahhabites, et à produire l’intolérance et le terrorisme. L’appel du Président al-Sissi à la réforme du discours religieux musulman… ne s’est jamais traduit en actes. »
Promouvoir les droits de l’homme et la liberté religieuse est un principe intrinsèque des États-Unis et de sa politique étrangère. Fermer les yeux sur la sévère et continuelle discrimination et persécution perpétrées par le gouvernement égyptien contre les minorités religieuses, ne fera que générer une plus grande instabilité en Égypte, à perpétuer les menaces contre la sécurité et à saper la réputation des États-Unis en tant que nation qui promeut la liberté religieuse et l’égalité pour tous.
Source : Coptic Solidarity, 15 janvier – © Chrétiens Persécutés pour la traduction.