Ce dimanche, une messe en plein cœur de Bagdad s’est achevée en carnage après qu’un groupe musulman fondamentaliste ait pénétré dans la cathédrale syriaque catholique. Une attaque, perpétrée la veille de la Toussaint, qui restera comme l’une des plus meurtrières commises contre les chrétiens en Irak. Elle a été revendiquée par un groupe de la mouvance d’Al-Qaïda qui a donné un ultimatum de 48 heures à l’Eglise copte d’Egypte pour libérer des musulmanes “emprisonnées dans des monastères” de ce pays [sic], selon le centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE).
Quarante-six chrétiens sont morts, dont deux prêtres, et 60 ont été blessés dont une vingtaine grièvement suite à l’assaut donné par les forces de sécurité irakiennes auquel l’armée américaine nie avoir participé.
Selon l’évêque chaldéen de Bagdad, Shlimoune Wardouni, deux prêtres de la cathédrale Sayidat al-Najat (Notre-Dame du Perpétuel secours), dans le quartier de Karrada, ont été tués et un troisième a reçu une balle dans les reins. “C’est un immense sentiment de tristesse qui m’envahit. Que peut-on dire? C’est inhumain. Même les animaux ne se comportent ainsi entre eux”, a-t-il déclaré.
La cathédrale ressemble à un champ de bataille, a constaté un photographe de l’AFP. Le sol et les murs sont maculés de sang et criblés de balles. Des morceaux de chair sont visibles dans ce lieu saint. Les pupitres sont détruits ou renversés, et il y a partout du verre brisé.
Pour le père Yousif Thomas Mirkis, responsable de l’ordre des Dominicains, “l’opération a été préparée de longue date, au vu des armes et des munitions qui ont été retrouvées dans la cathédrale. Cela prend du temps pour les introduire”.
Le vicaire épiscopal des syriaques catholiques, Mgr Pios Kasha, qui s’est rendu dans la cathédrale dévastée, a déploré “un vrai carnage”. “Ce qui est certain, c’est que les membres de ma communauté vont tous quitter l’Irak”, a-t-il dit.
“C’est une situation très triste qui confirme la situation difficile dans laquelle vivent les chrétiens dans ce pays”, a quant à lui réagi le porte-parole du Vatican, le Père Federico Lombardi.
Le 12 octobre, lors du synode sur le Moyen-Orient au Vatican, l’archevêque de Kirkouk (nord) s’était inquiété de l’“exode mortel” des chrétiens d’Irak, affirmant que ceux-ci veulent “vivre en paix et en liberté au lieu de survivre”.
Selon les chiffres de l’Eglise, les catholiques en Irak sont passés de 2,89% de la population en 1980 (378 000) à 0,94% en 2008 (301 000).
Côme Dubois (source : l’AFP, Le Nouvel Observateur et La Croix)