Le gouvernement français “n’est pas en train d’organiser l’exil de tous les chrétiens” d’Orient et d’Irak, a assuré Eric Besson lors d’une visite jeudi à Créteil aux réfugiés arrivés en France lundi, répondant aux inquiétudes du Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki. “L’objectif de la France est la protection renforcée des chrétiens d’Irak et d’Orient dans leur pays pour préserver des sociétés qui sont depuis des siècles des sociétés multiconfessionnelles. L’Orient doit continuer d’abriter des confessions différentes”, a poursuivi M. Besson, qui a répété que tous obtiendraient l’asile politique s’ils en faisaient la demande.
Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, avait appelé mardi la France – sans toutefois la nommer – ne pas favoriser l’émigration des chrétiens, après l’évacuation vers ce pays de 35 Irakiens blessés dans l’attaque contre l’église de Bagdad, qui a fait 46 morts. “Les pays qui ont accueilli des victimes de cette attaque à l’étranger ont adopté une position noble, mais il ne faut pas que cela favorise l’émigration”, avait dit le dirigeant irakien en visitant la cathédrale syriaque catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours, dans le centre de Bagdad, prise d’assaut en pleine messe le 31 octobre par un commando d’Al-Qaïda (source : LCI).
Dans une tribune publiée mercredi dans Le Monde, Hosham Dawod, anthropologue au CNRS, écrit :
Sous les traits d’une démarche humanitaire, c’est choisir ses victimes qui choque. Car, en vérité, au moment où M. Besson (…) tenait une conférence de presse pour exprimer l’émoi du gouvernement français quant à la situation des chrétiens d’Irak, une vingtaine de voitures piégées ont explosé dans divers quartiers de Bagdad, faisant des centaines de victimes. Et, depuis, cela n’a pas provoqué la même compassion. Que l’on soit bien entendu : il faut aider les victimes d’attentats en Irak comme ailleurs, mais qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes, kurdes ou arabes, mandéennes, Yazidis ou shabaks. Il peut paraître incompréhensible pour les Irakiens que, à l’heure des deuils et des enterrements, la France trie dans les victimes.
Avant toutes ces déclarations intempestives, Al-Qaida et les groupes islamistes radicaux s’en prenaient aux chrétiens comme à d’autres groupes minoritaires, parce qu’ils étaient l’“autre”, à islamiser par la force ou à éradiquer. Désormais, il est à craindre que la minorité chrétienne soit une cible non seulement du fait de sa différence religieuse, mais aussi de son “assimilation” à l’Occident.
Il ne s’agit évidemment pas de “choisir ses victimes” mais du fait que la France découvre, brutalement, que les chrétiens d’Irak sont les premières victimes et les cibles désormais désignées d’un islam de plus en plus dominateur. Cette médiatisation subite fait suite à des années d’omerta et déjà quelques mécontents… qui ne prennent pas leur plume le reste du temps pour nous expliquer que l’accueil de tel réfugié se fait au détriment de tel autre réfugié !
Côme Dubois