Retrouvez chaque dimanche sur L’Observatoire de la christianophobie une nouvelle chronique, le billet de Myriam.
Depuis trente ans, des générations de pubards et de réalisateurs en mal de talent et d’inspiration puisent de quoi justifier leurs salaires dans le vivier des clichés anticathos.
Nous avons ainsi eu droit à Benetton, l’inénarrable Benetton qui afficha partout la fameuse image d’une religieuse en cornette enlaçant un prêtre en soutane. De quoi provoquer des « Oh ! » et des « Ah ! » d’indignation chez les cathos, et faire passer la marque Benetton pour révolutionnaire, rebelle et anticonformiste, soit exactement le contraire de ce qu’elle est.
Nous avons eu les téléfilms où la BCBG catho coincée fait croire aux téléspectateurs que les cathos sont de gros neuneus frileux, vivant dans des châteaux en ruines, criant « Jésus Marie Joseph » à la vue d’une cheville nue.
Nous avons eu les films sombres et ténébreux, où un jeune beau prêtre – encore en soutane, à une époque où les curés qui osent la soutane sont loin d’être légion – résiste à son amour éperdu pour une jeune paroissienne troublante, mais finit par tomber dans ses bras. Il y a bien sûr l’évêque façon Torquemada, qui torture moralement le beau jeune prêtre si gentil et amoureux, et les villageois qui aiment tellement leur jeune beau prêtre si gentil et amoureux, et qui tiennent tant à son bonheur, qu’ils organisent une manifestation et griffonnent des pétitions pour que le curé martyrisé par sa hiérarchie puisse rester dans sa paroisse tout en coulant des jours heureux avec sa douce. Si c’est sur TF1, ça se termine en général par le départ des tourtereaux en voyage de noces. Si c’est sur M6, on nous montre, dix ans plus tard, les merveilleux enfants qu’ils ont eus. L’anticlérical de base est content, TF1 et M6 se frottent les mains, et le téléspectateur moyen conspue le Vatican qui s’oppose au mariage des prêtres.
Depuis quelques années, on nous foutait un peu la paix. A part les bons moines placides et leur fromage, les bonnes sœurs et la lessive, nous étions relativement tranquilles. Et voilà que Mars remet ça, dans une pub tellement primaire, tellement crétine, que même le plus anticlérical des anticléricaux en pleure sur l’époque Guy Lux, et mord son canapé de désespoir.
Zoom sur une espèce de Brandon blond à brushing et à gel, un sac au dos, devant la porte d’un monastère. Il déchire, amer, la photo d’une autre blonde à grand sourire. On traduit aussitôt – parce qu’on est catholique, mais intelligent quand même – que ce jeune homme a un gros chagrin d’amour, que les femmes, plus jamais, et que donc il rentre au monastère. Devenir moine égale donc chagrin d’amour et détestation des femmes. Grande subtilité, bravo l’artiste.
Le jeune homme doit avoir marché longtemps, parce qu’il a faim. Il sort un Mars de sa poche, mort dedans. Séquence voluptueuse, tout en caramel, lait et chocolat. Même le catholique aigri et frustré – ce qu’est tout catholique pour un pubard qui se respecte – en salive d’envie.
Le jeune homme sourit largement – d’un air bête, mais ça n’est que mon avis – pose l’emballage de son Mars contre le heurtoir de la porte du monastère, et tourne les talons, tandis qu’une voix sirupeuse déclare « Mars, c’est le goût de la vie », et que le frère portier se saisit, rageur, de l’emballage du Mars pour le jeter dans une poubelle débordante des mêmes emballages. Naturellement, le frère portier est moche, désagréable, et a l’air hargneux.
On en conclut donc que rentrer au monastère, c’est quitter la vie, le bonheur, la joie. On rentre au monastère parce qu’on est malheureux et qu’on en veut aux femmes. Les monastères n’ont plus de vocations, les églises se vident, l’Eglise est morte. Et comme on est un bon Français, gorgé depuis toujours par les légendes noires du catholicisme, des anecdotes de prêtres pédophiles, de stéréotypes qui passent d’autant mieux qu’ils sont énormes et lourds, on ne se marre pas du tout devant la grossièreté de la ficelle employée. On mord dans son saucisson avec délectation, en plaignant les pauvres moines privés de ce plaisir, sans se douter un instant que ces derniers cuisinent souvent très bien, et que la bénédictine règle chérit le verre de vin quotidien.
Un catholique stupide criera au mensonge et au montage. Un catholique intelligent se contentera de rire doucement en pensant aux moines du Barroux et d’ailleurs, aux jeunes prêtres bien dans leur peau qui réveillent nos paroisses, et aux dominicaines qui forment des générations de filles à la tête bien faite et bien pleine, qui font des études et des enfants, sans pour autant porter des jupes à carreaux qui n’existent plus que dans les magasins de province où se fournit Mame Michu.
On imagine mal le Beigbeider moyen user de la niqabisée pour vendre du Coca ou de la Twingo. Ce serait pourtant drôle, une ravissante jeune femme (on ne risque pas de le savoir, mais sous ses quatre mètres de coton, elle est ravissante – oui oui oui) mordre dans un Twix, en plein Ramadan, et chuchoter d’une voix sensuelle « Twix, c’est le goût de la vie ».
Ce serait audacieux, mais on peut toujours rêver. En attendant, la cornette et la soutane titilleront encore durablement l’imagination des pubards, qui sans le vouloir, les pauvres, trahissent ainsi avec éclat que la France n’est pas près d’oublier ces symboles marquants d’une identité chrétienne toujours vivace.
Myriam, pour L’Observatoire de la christianophobie
> [06/02/2011] Je suis une catho, comme ils disent
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La pernicité de la publicité est connue. Mais ces lieux communs de la cathophobie à relents maçonniques pourront continuer longtemps à entretenir une intolérance discriminatoire qui use du rire comme arme :
-les cathos français
ne se comporteront pas comme le consommateur américain, et ne boycotteront pas les produits
– les autres chrétiens
les laissent se débrouiller tant qu’ils ne sont pas eux-mêmes visés
-les évêques,
depuis le début, n’ont jamais bougé, pour autant que nous le sachions, et certains laissent passer bien pire, cf. le diocèse de Nantes…
Justement, chère Véronique, ce site a pour objectif d’aider les chrétiens à faire bloc. Quand nos frères évangéliques sont attaqués, les orthodoxes et les catholiques doivent les aider, quand c’est au tour de nos frères orthodoxes, les évangéliques et les catholiques doivent leur prêter main forte, etc
@ Véronique : il y a une autre raison pour laquelle les publiciteux ne s’en prennent qu’aux cathos : s’ils faisaient la même chose, mais dirigé cette fois contre les mahométans par exemple, voilà ce qui se passerait :
_ il y aurait des manifestations monstres, avec probablement des émeutes, contre ce qu’ils considèrent du racisme et de l’islamophobie,
_ les associations droit-de-l’hommistes et “anti-racistes” genre SOS-raciste auraient intenté un procès contre le type qui a créé la pub, et contre l’entreprise dont la pub faisait la promotion de son produit,
_ il y aurait eu un boycott général de la part des entités cités ci-dessus, avec le soutien de la quasi-totalité de la clique politique.
Contre les cathos, c’est tout l’inverse qui se produit. Et c’est justement parce que la cathophobie fait vendre qu’elle est si employée par nos publiciteux !
Entièrement d’accord
avec mes deux interlocuteurs !
Pour ce qui est de la nécessité de l’oecuménisme,
je l’avais rappelée à “Mag” https://www.christianophobie.fr/le-billet-de-myriam/je-suis-une-catho-comme-ils-disent/comment-page-1#comment-4560,
mais
il reste du chemin à faire après les divisions (doux euphémisme) du passé :
obtenir l’aide des orthodoxes quand on raille des religieux “en tenue” serait ainsi plus facile que d’émouvoir sur ce point des protestants qui vidaient les couvents et ont depuis longtemps abandonné le vêtement à grand rabat blanc qui est l’UNE DES étymologies avancées pour “parpaillots” (les papillons blancs)…
Pour ce qui est du choix des “publiciteux”,
bien évidemment,
-grande terreur d’offenser les sacro-saints teigneux et soutenus par l’humanisme pro-islamique (cette nouveauté transgénique…)
-immense propension à continuer le lynchage médiatique qui s’est déchaîné dans l’immense ataraxie de l’Eglise après Vatican II ET mai 68!
Myriam a oublier de citer un film trés explicite “au Nom de la rose” où l’on voit une congrégation de nos moines bien détraqué dans tous les sens du terme: Assassin, obsédés sexuel, et j’en passe et des meilleurs; Quelle honte que de donner une image comme cela de nos représentants religieux.
Dans ce film tiré du roman d’Umberto Eco, le héros sympathique, très bien campé par Sean Connery, est moine aussi !
le plus gênant n’est pas la perversité de religieux -car l’on sait qu’au sein de certaines congrégations le diable a pu s’infiltrer au point qu’un saint ou un désenvoûteur a dû intervenir,
mais la présence d’un fanatique inquisiteur (finalement tué par la foule)
et surtout la haine et la crainte du savoir venu du passé…
Pourtant,
on peut mettre tout ça sur le compte de l’époque : du Moyen-Age, parfois faussement, nous n’attendons pas beaucoup de lucidité ni de raison.
Les publicistes, eux, nous parlent du présent !
Bonne idée que cette nouvelle rubrique”le billet de Myriam”! J’attends avec impatience de la découvrir!
merci à Myriam pour son “billet que j’apprécie beaucoup!
@Myriam Très bien vu et en plus très bien écrit
La pub Mars date de la fin des années 90’s.
Sinon, je trouve le ton général de ce billet un peu sévère. Bien que je sois globalement d’accord avec le reste, la pub mars, elle, n’est pas méchante ni moqueuse. Nous pouvons y voir un homme qui a perdu le gout de la vie suite à une déception amoureuse et, qui décide de rentrer dans les ordres faute de mieux. Grâce à Mars, il retrouve le plaisir. Dans tous les cas son désir n’était pas fondé sur une véritable vocation.
Pour finir, l’image du monastère n’est pas si méchante, on y voit pleins de gens, ce qui sous entend qu’il y a pleins de vocations. Ce n’est que mon point de vue. ^^
Bien sûr j’avais senti le petit coup de griffe anticatho dans cette pub, mais honnêtement sans que ça m’agace plus que de raison, car ça ne va quand même pas bien loin… A vrai dire, mais ça effectivement seul un catholique peut le comprendre, je pense surtout à chaque fois que le pauvre gars vient justement de passer à côté du véritable bonheur, l’imbécile, et que le magnifique cloître mexicain entraperçu donne décidément bien envie d’y terminer paisiblement ses jours…
C’est dire si les cathos sont des gens spéciaux, hein 😉
Cela dit la version hallal suggérée dans ce billet m’a bien fait rire.
On pourrait aussi décliner ça pour le jambon Fleury Michon. Une ravissante beurette en pleurs déchirant la photo de son fiancé (un beau barbu aux yeux langoureux), et s’apprêtant à s’ensevelir définitivement sous une austère burqa… Au dernier moment, elle se laisse tenter par une tranche de jambon… et c’est la révélation! Elle jette la burqa, se met du rouge à lèvres et sort de chez elle en sautillant. “Fleury Michon : elle est pas belle, la vie?”
(derrière l’aspect caricatural, à y bien regarder, c’est exactement la transposition musulmane de la pub Mars!)
En voilà, de l’anticonformisme, pour le coup! Seulement là, évidemment, mon petit doigt me dit que le public visé le prendrait beaucoup, beaucoup moins bien…