Pour ceux qui croient encore à la grandeur et à la bienveillance de “laïcité à la française” – ou à “l’exception culturelle française”, autre balance cocasse pour une culture qui s’est toujours voulue universelle –, je conseille de déguster sans modération un désopilant commentaire publié sur le blogue catholique Nystagmus le 26 juin dernier sous le titre « Première édition des Cathoax Awards ». C’est long, mais c’est bon… D.H.
Ah ! Elle est bonne, cette première édition. À l’heure où les chères têtes blondes et brunes ont montré l’étendue de leur pensée sur les traditionnels sujets de philo du baccalauréat-que-le-monde-entier-nous-envie, leurs aînés semblent bien décidés à démontrer que réfléchir, c’est pas que pour les jeunes, et que les perles du bac, ben eux aussi ils savent en produire. Ce mois-ci, c’est un véritable concours de celui qui sortira la plus belle bêtise à propos du christianisme. Attention, liste non exhaustive.
Catégorie Philosophie : mon jury décerne à l’unanimité de moi-même le Prix de Philosophie à Guy Arcizet, Grand Maître du Grand Orient de France, pour son intervention sur la laïcité la semaine dernière à Kingersheim. Ayant pris soin de prévenir son auditoire qu’il plaçait sa réflexion sous les auspices de « la pensée complexe, au sens d’Edgar Morin », Guy Arcizet a tenu à partager son point de vue sur la laïcité en pleine terre concordataire. Et la laïcité, mes bien chers amis, ce n’est pas uniquement la neutralité d’un État garant de la liberté et de l’exercice des cultes, mais le combat « contre toutes les cléricatures » : la laïcité, sachez-le, n’est pas une protection mais une croisade « contre le pouvoir religieux, mais aussi contre le pouvoir temporel », et d’ailleurs, accroche-toi au pinceau j’enlève l’échelle, « on ne peut pas prétendre vivre dans un pays laïc quand on a huit millions de pauvres ».
Pour les mal-comprenants, les distraits et les glandeurs là au fond près du radiateur, je répète : « on ne peut pas prétendre vivre dans un pays laïc quand on a huit millions de pauvres ».
Bon.
Je ne suis pas franc-maçonne. Je ne passe pas deux soirées par mois à sauter à cloche pieds sur un damier noir et blanc en criant ”Houzzé, Houzzé, Houzzé”. Je ne suis ni apprentie, ni compagnon, ni maître, encore moins Sublime Chevalier Élu, Chevalier du Serpent d’Airain ou Grand Inspecteur Inquisiteur, contrairement à M. Arcizet qui a franchi avec succès les 33 grades du Rite Écossais Ancien et Accepté (cliquez ici, c’est délicieux).
Je ne suis qu’une profane, donc sans doute que je ne suis pas très fute-fute, comme dirait ma maman. Mais j’avoue que j’ai un peu de mal à suivre la pensée de M. Arcizet, alors que Lacan j’y arrive (à peu près, des fois, avec l’aide d’une bonne bouteille).
Parce que, quand même, j’ai beau relire la phrase, essayer de changer la ponctuation, l’ordre des mots, rien n’y fait. Je pige pas.
Enfin, si, je pige : mais ce que je pige, ça ne peut pas être ça. Non, le vrai fond de la pensée de Guy Arcizet, ça doit être un truc hyper symbolique dont je ne possède pas les codes parce que j’ai pas travaillé sur mon moi-même en enjambant le cercueil d’Hiram vêtue d’un tablier.
Ça ne PEUT pas être tout bêtement que s’il y a 8 millions de pauvres dans la France d’aujourd’hui, c’est la faute à la religion. Guy, mon poussin, pas toi, pas nous, pas ça.
Moi, il me semblait – mais je dois être mal informée – que s’il y a aujourd’hui 8 millions de pauvres en France et non 15 ou 20, c’est grâce à des structures religieuses, genre Secours catholique, ATD Quart-Monde, Emmaüs, Habitat et Humanisme, Entraide Protestante, etc, qui tendent au bas des tours de fric des filets pour les milliers de gens que le système balance par-dessus bord.
Mais bon, si le Grand Maître le dit, c’est que ça doit être vrai.
Catégorie Histoire : le Prix du Révisionnisme Historique est attribué sans conteste et avec les félicitations du jury à France 2, qui a délaissé les cigales, les oliviers et l’assent du Sud pour les bûchers de l’Inquisition dans sa série d’été Inquisitio. Notez le latin, au passage, pour faire plus authentique. Sur ce sujet, je laisse la parole à un professeur d’histoire :
« Face aux mensonges divulgués par France 2, j’apporte les précisions suivantes sur l’Inquisition. Tout d’abord je m’inscris en faux contre cette vision spectaculaire loin de la réalité. Je ne cherche pas à réhabiliter cette institution, j’essaie juste de la replacer dans son contexte. J’ai pris comme source les écrits d’Emmanuel Le Roy Ladurie, Bartolomé Bennassar, Charles-Henri Léa, Henry Kamen, Pierre Chaunu, Jean Sevilla :
– l’usage de la torture n’a été établi qu’en 1252 et le Pape Innocent IV avait interdit la mutilation, le risque de séquelle grave et irréversible et la mort.
– l’Inquisition a introduit dans un procès et pour la première fois la procédure judiciaire avec collecte de témoignages, de preuves, à charge pour l’Inquisiteur de vérifier la validité de tous les éléments.
– il n’y a pas eu une inquisition mais plusieurs: l’espagnole dépendait non pas du Pape mais des Rois. La République de Venise ne l’accepta pas.
– les chiffres sont éloquents : Torquemada l’inquisiteur espagnol ne condamna à mort que 2% des poursuivis. Rien à voir avec les massacres dénoncés par Victor Hugo.
– une partie de l’Inquisition refusa de participer à la chasse aux sorcières, pour une raison simple : c’est que la quasi-totalité des Inquisiteurs ne croyaient ni à la magie ni à la sorcellerie. D’ailleurs, en 1597 le grand Inquisiteur d’Espagne releva de ses fonctions l’Inquisiteur de Navarre pour avoir tenté de brûler une pauvre demeurée pour sorcellerie.
– Avant 1500, sur 300 procès à Tolède on relève 6 cas de torture. Celle-ci reste très rare.
– l’Inquisition espagnole a mené 120 000 procès qui ont abouti à 59 condamnations à mort dont une grande partie commuée en années de prison ».Catégorie Sciences : France Télévision continue de caracoler en tête du palmarès avec Mirages, diffusé le 23 juin dernier sur France 5. Un ”documentaire” qui prétend ENFIN libérer les pauvres cons âmes des épouvantables superstitions entretenues par l’Eglise, qui a bien sûr tout intérêt à maintenir sous sa férule liberticide les masses populaires. En dix-neuf minutes, on nous explique donc que le suaire de Turin est un faux. Dix-neuf minutes. Si après ça vous croyez encore aux miracles, bande de dégénérés, je ne peux vraiment plus rien pour vous.
Personnellement, j’avoue mon ignorance : je ne sais absolument pas si le suaire de Turin est vrai ou faux. Ce que j’en sais, en revanche, c’est que dix-neuf minutes me paraissent un peu légères pour entrer dans l’épaisseur d’un mystère qui, quoi qu’en dise France 5, continue de déchirer la communauté scientifique mondiale (mais si ça se trouve, faudrait juste leur offrir un décodeur TNT et ils seraient tous d’accord grâce à France 5).
Le début de l’émission est un chef d’œuvre de propagande scientiste. « De tous temps, l’obscurantisme s’est opposé à la raison‘ », assène de façon définitive la voix off, montrant par là toute la complexité de sa pensée (Edgar Morin n’est sans doute pas loin, là non plus). « Croyances et superstitions se perpétuent, jusqu’à nos jours ». Bon, voilà la foi et les superstitions dans le même sac (poubelle). « Pour s’exercer à la méthode scientifique, rien ne vaut les miracles religieux ».
Han han.
Dis donc, monsieur France 5, petit coquinou, ne serais-tu pas en train de suggérer que les miracles ne sont pas uniquement religieux ? Toi le grand rationnel de la raison purifiée de toute scorie superstitieuse, n’es-tu pas là en train, subrepticement, en creux, en train de suggérer que les certains miracles sont religieux et d’autres non ?
Qu’il existe donc des miracles scientifiques ?
Et, excuse-moi de la naïveté de la question, mais des fois, tu serais pas un poil superstitieux, sur ce coup ?
Ou alors, tu ne maîtrises tout simplement pas le français ; mais ce serait étonnant, le service public étant unanimement reconnu pour sa parfaite maîtrise de la langue.
Sois honnête, ami France 5 : reconnais que tu tentes d’imposer ta propre religion, à savoir la science érigée en scientisme ; mais ne viens pas me traiter de demeurée parce que moi ou quelques autres aimons nous recueillir devant l’image du Christ supplicié.
Chacun son obscurantisme, finalement ; et à tout prendre, je préfère le mien, les côtés obscurs, peu clairs, difficiles d’accès de ma foi, qui sont autant de chemins d’humilité, à ta Raison figée dans le marbre froid des certitudes enkystées.
Source : Nystagmus
Délicieux. Mais vain.
Les mensonges sectaires et/ou étatiques sont devenus vérité intangible …et ce bien avant l’apparition des nouveaux moyens de propagande et d’intoxication, comme bien avant l’abrutissement calculé de l’individu.
Le suaire en entier avait épaté des scientifiques soviétiques tout à fait athées(pollens de l’époque de Jésus, marques dues à une sorte de rayonnement intérieur etc) mais on a préféré vulgariser une datation au carbone 14 (qui d’ailleurs a certaines limites)sur un morceau restauré au moyen-âge…
La religion était soi-disant l’opium du peuple, mais sans cet opium voilà la sécurité sociale obligée de rembourser les tranquilisants les somnifères, la police traque les amateurs de drogues en tout genre, les trafiquants; la laicité est dépassée par la situation
Trop fort, comme dirait l’autre…
Merci pour cette bonne tranche de rigolade, on rêve grâce à vous de revivre nos années d’école primaire, de porter de drôles de costumes et de faire des cérémonies “magiques”! Ces braves “frères” ont su garder une âme d’enfant et un QI d’innocents et de simples d’esprits.Le problème, c’est les malfaisants qui manipulent ces demeurés!
Bonne soirée et merci à vous.
Chacun ces repères,le suaires de Turin est pour moi et pas mal de catholique un symbole, celui d’Homme qui nous à nous montré le chemin de la raison, de la sagesse et par son abnégation la Foi. Personnel je m’en porte plutôt bien. Face à cela des individus qui veulent gommer tous cela en se référençant à une autre forme d”‘inquisition” la révolution Française avec son cortège d’horreur, sous l’égide de son grand “inquisiteur” Robespierre.
D’un autre coté la solution Robespierre à été radical, plus de population, plus de pauvre, c’est peut-être ce principe qui inspire le grand maître du GODF, mais à destination des riches pour transférer leurs richesse sur les pauvres. Cela être un grand timide qui n’ose pas mettre son plan en action. Sinon pourquoi vivrait-il dans la clandestinité du sercret.
Guy Arcizet, pris en ciseau avec art dans une guitoune catho !Le pôvre !
Un tablier vite ! Pour ramasser les miettes !
http://cril17.fr/
C’est un excellent article, fort spirituel !
Dans le même genre, en pluscourt et plus burlesque, Hipstagazine a publié ce matin un article dédié à la suppression de trois fêtes chrétiennnes. Je vous joins le lien.
http://hipstagazine.com/#SOCIETE-Sacres-jours-feries
Le calendrier est un vieux problème; en 1793 le poète Fabre d’Eglantine imagina de le réformer: Noel devient fête du “chien” l’Epiphanie “la pierre à chaux” la Toussaint “le salsifis” , l’Annonciation est le”jour de la poule”l’Assomption celui du “lapin” Saint Jean est “la terre végétale” Saint Germain l'”abricot” Saint Clotilde “la caille” etc;les Parisiens qui avaient accepté la révolution ont accueilli les fêtes de la vache ou de la pioche avec un sarcastique dédain; leur gouaille fit que ce calendrier dura un mois et le dimanche fut rétabli ainsi que le calendrier chrétien