On sait que la si utile initiative prise par l’Institut Civitas de protester contre la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci, a été diversement interprétée chez les chrétiens et notamment chez les catholiques : des évêques, des journalistes, des penseurs ont tenu des positions difficilement conciliables tant sur l’interprétation de la pièce que sur celle de la nature des protestations. C’est un véritable débat qui s’est engagé au sein même de l’Église catholique. Certains le regrettent au nom d’une “unité” qui a, parfois, pris des allures de toile peinte à la manière des villages “à la Potemkine”. D’autres, au contraire, y ont vu l’amorce, tardive, d’un vrai débat qui, une fois débarrassé de ses éléments accessoires sur lesquels se sont focalisés les médias hostiles, interroge vraiment les chrétiens, responsables ecclésiastiques, laïcs engagés ou non, sur la christianophobie croissante, promue et subventionnée dans notre pays. L’“affaire Castellucci” révèle, pour ceux qui ont des yeux pour voir, un authentique “signe des temps” qui prend des allures prophétiques contre, il faut bien l’admettre, le conformisme d’un certain établissement chrétien. À l’appui ce cette analyse, je veux verser au dossier un texte qu’il convient de lire avec la plus grande attention. Il a été prononcé par Mgr Henri Brincard, évêque du Puy-en-Velay, le 17 novembre. L’évêque a pris son temps pour proposer son « éclairage » sur cette affaire. Ce n’est pas une de ces réactions épidermiques ou convenues, comme on en a trop lues, mais une réflexion soutenue qui prend des allures de méditation fructueuse.
Daniel Hamiche
Il n’est point nécessaire d’avoir vu la pièce de Roméo Castellucci pour dire que sa
seule lecture amène à s’interroger sur la notion de culture et, partant, sur ce qu’il faut entendre par « liberté artistique ».
Pour ma part j’estime que la pièce de Castellucci est – et je pèse mes mots – violente, pénible et inutilement provocante.Pour un croyant – et c’est une évidence – Jésus n’est certes pas un « concept » mais le « Témoin fidèle, le Premier né d’entres les morts, le Chef des rois de la terre » (Apocalypse 1). C’est dire que la relation personnelle avec Jésus est notamment celle de la foi, de l’adoration aimante, du service des plus petits et des plus pauvres en lesquels « le Témoin fidèle » veut être servi avec prédilection. Comment ne pas être profondément atteint par une pièce de théâtre dont certaines scènes dépassent l’entendement et, par voie de conséquence, le supportable ? Pour atténuer le scandale il ne suffit pas de dire que les intentions de l’auteur sont bonnes ni même que certaines clés de compréhension permettent de faire des découvertes apaisantes. L’art véritable est un langage dont la clarté rend le beau accessible à tous. L’art qui aide l’homme à être plus conscient de sa dignité est un art au service de la splendeur du vrai et de la beauté du bien. Lorsqu’il est chrétien, un tel art sait montrer comment en Jésus, Dieu tire d’un drame « un effet sublime d’amour ».
Faut-il le rappeler, il y a des libertés « liberticides »… l’art n’y trouve certes pas son compte. Par ailleurs, affirmer que « foi et culture » ont des liens profonds et nécessaires relève de l’évidence. Ces liens font l’objet d’heureux approfondissements, en particulier par des enseignements magistériels d’une grande richesse. Il arrive aussi – et je ne suis pas le seul à le déplorer – que la relation intrinsèque entre foi et culture donne parfois lieu à des développements hasardeux justifiant par des arguments spécieux l’injustifiable.
Je pose à présent deux questions :
La pièce de Castellucci fait-elle partie d’une culture qui élève l’homme et donc nous humanise ?
Cette pièce de Castellucci aide-t-elle le croyant chrétien à avoir un regard plus profond sur « Celui qui nous aime et nous a lavés de son sang » ?
Même après avoir lu les déclarations de Catellucci, je ne parviens pas à répondre positivement à ces deux questions.
A présent, un mot au sujet des jeunes qui ont manifesté à l’occasion des représentations à Paris de la pièce intitulée Sur le concept du visage du Fils de Dieu.
La plus élémentaire objectivité exige de distinguer entre ce qui s’est passé à l’intérieur du théâtre et ce qui s’est passé à l’extérieur. Le temps m’étant mesuré je ne parlerais que des manifestations dans la rue.
En m’appuyant sur de nombreux témoignages et sur les observations d’une journaliste appartenant à l’équipe d’un grand journal parisien, je ferai les remarques suivantes :C’est aller trop vite en besogne de penser que les manifestants dans leur ensemble appartenait à des groupes de fanatiques ou à des groupes ayant des relations tumultueuses avec l’Église de Dieu qui est en France. En réalité, un nombre non négligeable de manifestants appartenaient aux réseaux nés des « Journées Mondiales de la Jeunesse ». Dans la rue, à quelques exceptions près, les jeunes ont manifesté paisiblement. Beaucoup d’entre eux ont même adopté des attitudes de prière exprimant leur peine, leur « désarroi intérieur », leur angoisse et enfin leur espérance. Alors je pose la question : « Depuis quand dans un État de droit, de telles manifestations sont-elles interdites ? » Quant à l’Église, ainsi que nous l’a dit le président de notre conférence : « Il faut entendre les questions des jeunes ».
D’importantes forces de l’ordre ont été mobilisées pour réprimer une manifestation pacifique. Pourquoi tant de forces de l’ordre ? Pourquoi tant de gardes à vue dont certaines ont duré près de 48 h ? Un avocat a dressé une liste impressionnante d’illégalités commises au cours de ces gardes à vue. Cette liste est-elle exacte ? Quoi qu’il en soit, plusieurs policiers et CRS se sont étonnés d’avoir été mobilisés en si grand nombre.
Ma conclusion sera celle-ci : rassemblés devant un théâtre parisien au cœur d’un douloureux problème, ces jeunes m’ont fait penser à un « troupeau sans pasteur », un troupeau ayant le sentiment d’être laissé à lui-même, voire abandonné. Ce constat m’interroge personnellement : « Comment guider ces jeunes par de sages conseils ? » « Comment les apaiser ? » « Comment éclairer leur courage par de judicieux accompagnements ? »
Une chose est certaine : les « sweeping statements » [déclarations péremptoires], comme on dit en anglais, ne sont d’aucune utilité. Autrement dit, des amalgames regrettables ont parmi leurs effets nuisibles celui d’engager les jeunes sur des chemins semés de périls.
Source : diocèse du Puy-en-Velay
Oui c’est remarquable, et j’apprécie tout particulièrement la mise au point concernant les manifestants, qualifiés de “fanatiques”, accusés de violence ( il faut le faire tout de même!), traités sans honnêteté ni charité. Monseigneur Brincard rétablit la vérité : ces manifestants étaient aussi bien des diocésains, des jeunes des JMJ, des jeunes de la FSSPX, des catholiques, quoi!
“Amalgames regrettables”, “déclarations péremptoires”, c’est dit! Que les personnes concernées se reconnaissent;
Merci Monseigneur Brincard. Dieu nous donne beaucoup de pasteurs comme vous!
Monseigneur Brincard est un des évêques les plus libres vis à vis de la pensée unique qui guide trop notre épiscopat.
Il dit ce qu’il pense et il pense souvent très bien.
Monseigneur Brincard, évêque du Puy en Velay intervient après l’évêque de Gien pour s’indigner à son tour des provocations de la pièce de théatre jouée à Paris (subventionnée par les pouvoirs publics)et prendre la défense des jeunes catholiques qui manifestent chaque soir devant le théatre Ces jeunes ne sont ni des extrémistes ni des violents mais sont simplement révoltés que l’on abaisse ainsi notre religion au motif que l’on peut , sous couvert de laïcité ,toucher aux symboles de notre foi .Ces attaques répétées sont de plus en plus fréquentes; elles ébranlent les chrétiens de tous âges qui ne comprennent pas pourquoi ces intellectuels incroyants se permettent de les salir.Je crois avoir lu qu’un véritable débat s’est instauré au sein-même de l’Eglise catholique et je souhaite que les plus tièdes de nos évêques s’interrogent sur la christianophobie croissante dans notre pays .
Merci Monseigneur !…Puissent tous les évèques , prètres, baptisés se manifestent contre cette Christianophobie galopante !……Oui les Chrétiens sont bouleversés, leur souffrance est insupportable , nous atteignons le sommet de
l’ignominie !…..
Nul n’a le droit de “toucher” à leur Seigneur : Jésus -Christ,
mort pour nous, que dis-je pour tous les hommes sur une croix.
Il est normal que TOUS les Chrétiens de toute confession manifestent leur indignation.
Oui, Monseigneur Brincard, que DIEU nous donne beaucoup de Pasteurs comme vous.
Soyez assuré de nos prières “à Jésus par Marie”.
Enfin voilà une analyse sereine, réfléchie et empreinte d’élévation spirituelle comme on aurait tant aimé en trouver dans l’épiscopat français. Avant de jeter la pierre aux jeunes qui manifestent, il faut se poser la question du pourquoi. Monseigneur Brincard le fait en toute sincérité. Sa prise de position dans ce débat me parait essentielle. Oui, Michéle, prions pour que Dieu nous donne beaucoup de pasteuts comme lui. Amen!
Je fais partie de ces jeunes qui sont, à ce que je sache, en pleine communion avec l’Église catholique, et qui n’ont aucune animosité envers qui que ce soit, tout particulièrement au sein de la communauté catholique, même s’il est vrai qu’il existe des divergences en termes de “comment doit-on réagir face à ça ?”. Je peux confirmer que la grande majorité d’entre-eux, à l’instar de moi-même, ne sont en aucun cas affiliés à un quelconque mouvement catholique, surtout “intégriste”.
Vivement que tous ces jeunes, notamment issus des jmj, des rassemblement de Taizé etc…accèdent à des postes de journalistes, de producteurs, de directeurs de théâtre, d’artistes, d’écrivain…d’hommes et de femmes politiques…Que les prières pour les vocations s’étendent aussi à toutes ces vocations..