René Guitton est directeur de collection aux Éditions Calmann-Lévy et auteur de Ces chrétiens qu’on assassine aux éditions Flammarion. Il a répondu aux questions de StreetPress. Extrait :
Je pense que l’Occident est de plus en plus sensibilisé aux misères contre les chrétiens. Je l’ai vu avec le livre que j’ai publié en mars 2009 intitulé Ces chrétiens qu’on assassine. L’accueil de la presse a été énorme. Et pas seulement en France mais en Italie, en Amérique du Nord, en Roumanie, etc. Je m’attendais à ce qu’il n’y ait pas un seul papier. Parce qu’en France, cette laïcité mal comprise confine au silence des chrétiens (…) Ça explique en partie le succès du film Des hommes et des dieux: on est chrétien, on se lâche, on peut parler enfin. Donc là, avec cette violence qui a été très spectaculaire, on s’est réveillé tout d’un coup. C’est en train de se retourner: les chrétiens en Occident commencent à ne pas avoir honte d’être chrétiens.
(…) Quand on donne des visas aux Irakiens pour venir en France, les autorités religieuses d’Irak disent: « aidez-nous, mais à rester, pas à partir » ! Sinon vous faites en effet le jeu des islamistes, et pas seulement en Irak, aussi en Égypte, en Palestine, à Gaza, dans tout le Moyen-Orient. Par exemple en Turquie, il y a un siècle, il y avait 20% de la population qui était chrétienne. Aujourd’hui, seulement 2%. Il y a 1,5 million de coptes orthodoxes et catholiques qui ont quitté l’Égypte dans les 10 dernières années pour se réfugier aux États-Unis, au Canada, parce qu’une grosse diaspora est installée là-bas. Il y a une sorte de phénomène d’aspiration. (…)
On a reproché à Bernard Kouchner de n’avoir donné que 500 visas (en 2008, NDLR) quand il y eu d’autres événements contre les chrétiens d’Irak, alors que l’Allemagne en avait donné 2000, et l’Italie environ 1000. Mais Kouchner connaît bien la situation là-bas: si on leur donne trop de visas, sans l’arrière pensée « oh la la, qu’ils restent chez eux », on fait le jeu des islamistes. Tous les responsables religieux dans tout le Moyen-Orient vous disent « arrêtez de donner des visas, aidez-nous autrement ».
Je mettrais un bémol à cette affirmation. Mgr Athanase Matti Shaba Matoka, archevêque de Babylone des Syriens, n’a-t-il pas déclaré au site Nouvelles de France cette semaine :
Nous remercions vraiment le gouvernement français pour cette offre. On va essayer, avec l’ambassade, d’envoyer quelques uns des blessés, ceux qui sont dans un état qui demande un peu plus de soin que ce que l’on peut leur offrir ici.
Côme Dubois