Églises d’Asie nous relate aujourd’hui une bien triste histoire qui a coûté la vie à un catholique et a vu une église saccagée et profanée. D.H.
(…) Dans la longue histoire de l’opposition des populations locales, composées principalement de pêcheurs catholiques, au chantier de la centrale nucléaire de Kudankulam (Koodankulam), la cause des riverains et opposants au projet semblaient perdue. Les autorités de régulation du nucléaire avaient en effet délivré l’autorisation de raccordement de la centrale au réseau électrique et, au mois d’août dernier, feu vert avait été donné pour le chargement des barres de combustibles dans l’un des deux réacteurs que compte la centrale. Remobilisées par le drame de Fukushima (la centrale de Kudankulam a été construite en bordure du littoral, sur une côte qui a été touchée par le tsunami de 2004), les populations n’ont toutefois pas renoncé à revendiquer la fermeture de la centrale. Ces derniers jours, elles ont multiplié les actions et c’est dans ce cadre que la répression des forces de l’ordre a fait un mort [un catholique] (…)
Environ 4 000 policiers ont été déployés sur place. Selon les opposants au projet, les forces de l’ordre ont poursuivi leur action en menant une véritable chasse à l’homme jusque dans les villages voisins. Dans le village d’Idinthakarai, distant de quatre kilomètres de la centrale, elles ont investi les lieux, fouillant chaque maison pour y chercher les manifestants. Selon les témoins locaux, les policiers ont brisé des vitres et agi avec violence. « La police est entrée dans l’église [Lourde Matha Church] ; ils se sont saisi de la statue de la Vierge et l’ont jetée au sol. Ils ont ensuite uriné sur la statue en pièces », a témoigné Infant Preeka, un témoin oculaire cité par l’agence Ucanews (…).
L’argument d’un financement des anti-nucléaires au Tamil Nadu par des ONG étrangères renvoie à un épisode de février 2012. À cette date, le gouvernement fédéral avait ordonné le gel des comptes de deux organisations gérées par l’évêque catholique de Tuticorin, Mgr Yvon Ambroise, accusant l’Eglise d’utiliser des fonds accordés depuis l’étranger à des fins de financement du mouvement anti-nucléaire. Très engagé auprès des pêcheurs catholiques opposés à la centrale, Mgr Ambroise avait par la suite appelé les anti-nucléaires à changer de stratégie. La construction de la centrale étant achevée, sa mise en service étant inéluctable, l’évêque appelait à une solution négociée, conscient qu’un durcissement des positions amènerait l’État à recourir à la force. En avril dernier, le porte-parole du diocèse de Tuticorin s’interrogeait en ces termes auprès d’Eglises d’Asie : « Les catholiques sont très nombreux parmi les pêcheurs qui manifestent leur opposition à la centrale. Que dira-t-on si la répression s’intensifie et qu’il y a des victimes ? Que l’Église les a encouragés ? » (…)
Source : Églises d’Asie