Un jeune inconnu a tué par balles deux chrétiens accusés de blaphème le 19 juillet 2010, alors qu’ils quittaient un tribunal. Il a aussi grièvement blessé le policier qui les escortait, a indiqué un responsable de la police.
Quelques jours auparavant, vraisemblablement à la suite d’appels à la violence lancés lors de la prière du vendredi dans les mosquées locales, des centaines de musulmans avaient déferlé dans le quartier de Waris Pura à Faisalabad, où vivent de nombreux chrétiens. « Ils voulaient attaquer et brûler le quartier (…) Les manifestants scandaient des slogans, brandissaient des armes et criaient qu’ils allaient donner une leçon aux chrétiens. Ils menaçaient de faire justice eux-mêmes si les deux frères n’étaient pas condamnés à mort, et disaient qu’ils se vengeraient non seulement sur eux mais sur toute la communauté chrétienne », avait alors déclaré au MCP (Minorities Concern of Pakistan) , Atif Jamil Pagaan, un travailleur social chrétien ayant assisté à l’émeute. Tout le quartier, ainsi que l’église du Saint Rosaire, avait été saccagés.
La protestation musulmane concernait deux frères chrétiens protestants, le Pasteur Rashid Emmanuel et Sajid Emmanuel. Ils ont été arrêtés le 2 juillet et accusés d’avoir écrit un livret contenant des phrases blasphématoires contre Mahomet. Ils n’ont cessé de clamer leur innocence. « Les accusations contre eux sont fausses, aucune preuve n’a été fournie et il n’y a aucun témoin », a dénoncé Atif Jamil Pagaan, ajoutant que les pamphlets avaient été écrits à la main, photocopiés et distribués de manière anonyme.
Mgr Joseph Coutts, évêque de Faisalabad avait pourtant mis en place un comité civil et religieux afin de prendre les mesures nécessaires pour stopper la violence. A sa demande, les autorités locales et les dirigeants musulmans étaient intervenus pour calmer les esprits.
Pour rappel, l’Aide à l’Eglise en détresse a lancé une pétition demandant l’abolition de la loi anti-blasphème au Pakistan. Plus de 9 300 personnes l’ont déjà signé.
Côme Dubois (source)