En matière d’éducation des enfants, les États auraient-ils donc tous les droits et les parents chrétiens aucun ? C’est ce qui ressort, si les mots ont encore un sens, d’un jugement de la CEDH contre des parents chrétiens allemands qui entendaient, à juste droit, éduquer leurs enfants mineurs à la maison. Ce revers ne touche pas que la famille Wunderlich : il affecte toutes les familles chrétiennes européennes qui n’ignorent pas que les parents sont les premiers et principaux éducateurs de leurs enfants, et que c’est à eux de juger de la meilleure manière et du cadre le mieux approprié à l’éducation de leur progéniture.
Le 10 janvier, la Cour européenne des droits de l’homme a rendu son jugement dans l’affaire Wunderlich contre Allemagne. La cour a statué que les mesures prises par les autorités allemandes ne violaient pas les droits fondamentaux de la famille Wunderlich. Cette famille luttait depuis des années pour le droit d’éduquer ses enfants à la maison, une pratique illégale en Allemagne.
Au mois d’août 2013, plus de trente policiers et travailleurs sociaux prirent d’assaut la maison des Wunderlich, alors que venait d’y commencer le premier cours d’école à la maison de l’année1. Les autorités enlevèrent brutalement de leur maison les enfants à leurs parents, laissant une famille traumatisée. Les enfants furent plus tard rendus à leurs parents, mais leur statut demeurait imprécis puisque l’Allemagne est un des rares pays européens qui pénalisent les familles qui entendent faire l’éducation à la maison.
La famille Wunderlich avait avancé que le gouvernement avait violé l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme qui garantit le respect de sa vie privée et familiale et de son domicile2 en forçant ses quatre enfants à intégrer une école locale. « Petra et Dick Wunderlich voulaient tout simplement éduquer leurs enfants conformément à leurs convictions et ils ont décidé que le cadre familial serait l’endroit le mieux indiqué pour cela », a déclaré Robert Clarke, directeur et défenseur pour l’Europe d’ADF International3, et avocat principal de la famille Wunderlich.
« Ce jugement ignore le fait que la politique allemande sur l’école à la maison viole le droit des parents à éduquer leurs enfants et à veiller à leur éducation. Il est alarmant de constater que cela ne soit pas reconnu par la cour qui a le plus d’influence en Europe en matière de droits de l’homme. Ce jugement est un pas dans une mauvaise direction et devrait être un sujet de préoccupation pour quiconque est soucieux de la liberté », a déclaré de son côté Paul Coleman, directeur exécutif d’ADF International.
« Le droit des parents à diriger l’éducation de leurs enfants est garanti dans tous les grands traités sur les droits de l’homme, dont l’Allemagne est signataire. Il est assez ironique de constater que l’un des arguments avancés par le gouvernement allemand contre l’école à la maison, est que les enfants devraient pouvoirs être confrontés à ceux qui pensent différemment qu’eux. Le message est donc : la diversité des opinions et de philosophie doit être respectée, sauf si elle entre en contradiction avec les opinions du gouvernement », a souligné Ellen Fantini, directeur exécutif de l’Observatory [on Intolerance and Discrimination against Christians in Europe]. L’Observatory suit depuis des années plusieurs affaires relatives au droit des parents, y compris l’affaire Wunderlich.
Michael Donnelly, expert international sur l’école à la maison et directeur du programme mondial de sensibilisation de la Home School Legal Defense Association4, et qui soutient depuis longtemps la famille dans ses combats judiciaires, a qualifié ce jugement « d’énorme revers » tout en déclarant : « Nous n’abandonnerons pas le combat pour le droit fondamental des parents d’éduquer à la maison leurs enfants en Allemagne et dans toute l’Europe. »
« Nous sommes extrêmement déçus de ce jugement de la Cour. Il ignore les droits des parents dans toute l’Europe à éduquer leurs enfants sans atteinte disproportionnée de l’État. Nous sommes en train de renseigner les parents sur les différentes options qui leur sont offertes, y compris celle de porter cette affaire devant la Grande chambre de la Cour européenne des droits de l’homme », a précisé Robert Clarke.
Source : Observatory on Intolerance and Discrimination against Christians in Europe, communiqué du 14 janvier – © Chrétiens Persécutés pour la traduction.
1. Le jour de la rentrée scolaire varie en Allemagne selon les Länder. Dans le Hesse, où réside la famille, les vacances scolaires d’été s’étaient achevées le 16 août en 2013.
2. « Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance » (art. 8, § 1).
3. Alliance Defending Freedom, association chrétienne à but non lucratif dont le siège est à Scottsdale en Arizona (États-Unis).
4. La HSLDA est une organisation à but non lucratif de défense du droit constitutionnel d’éduquer ses enfants à la maison. Elle compte quelque 80 000 familles adhérentes, et son siège est à Purcellville en Virgine (États-Unis).