Un nouvel éclairage sur les génocides de chrétiens en Turquie et sur le rôle, rarement évoqué, qu’y joua aussi Mustafa Kemal Atatürk… Un éclairage venant de deux historiens israéliens dont on peut admettre que le thème du génocide ne leur soit pas indifférent, dans un livre à paraître en avril 2019. Benny Morris, à dire vrai, est un historien controversé en Israël, pour ses analyses sur la fondation du pays qui ne satisfont pas vraiment les sionistes et les anti sionistes. Ce qui n’enlève rien, a priori, à l’intérêt de cette étude historique dont ont attend avec impatience de pouvoir la lire.
Les chrétiens qui ont constitué jusqu’au cinquième de la population de l’Empire ottoman, ont été balayés par des vagues successives de violence menées par les Ottomans puis par le gouvernement républicain turc. Elles n’ont laissé survivre qu’une minuscule minorité chrétienne en Anatolie, constatent deux universitaires israéliens dans une nouvelle étude.
La controverse sur le massacre de la minorité chrétienne arménienne qui vivait en Anatolie à la fin de l’Empire ottoman est déjà bien connue alors même qu’une majorité dans la communauté universitaire internationale et de nombreux États reconnaissent ces massacres comme génocide. La Turquie reconnaît qu’il y a eu des massacres mais refuse qu’on les qualifie de génocide.
Dans The Thirty Year Genocide [Un génocide de trente ans], leur dernier ouvrage, Benny Morris et Dror Ze’evi’, deux historiens israéliens affirment, de manière encore plus surprenante que le génocide s’est déroulé sur une période de trente ans entre 1894 et 1924, non seulement contre les Arméniens mais aussi contre toutes les autres minorités chrétiennes ottomanes.
Dans un entretien accordé au quotidien israélien Haaretz sur leur livre, Morris citant l’ouvrage précise qu’entre 1,5 et 2,5 millions de chrétiens furent tués pendant cette période, fondant cette estimation sur des travaux de statisticiens turcs, arméniens et grecs. « Notre conclusion c’est qu’entre 1,5 et 2,5 millions de chrétiens ont été assassinés entre 1894 et 1924 : et c’est là une estimation prudente », déclare Morris. « L’assassinat de deux millions de chrétiens fut perpétré au moyen d’une exhortation calculée des Turcs à créer une nation intégralement musulmane » peut-on lire sur la notice publicitaire consacrée au livre sur le site de l’éditeur, Harvard University Press.
Morris déclare que le fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, fut responsable « de la liquidation des derniers Arméniens qui restaient en Turquie » et aussi de centaines de milliers de chrétiens grecs et assyriens.
« Bien qu’on considère qu’Atatürk fut anti-musulman, il mobilisa l’islam pour exécuter le plan et il est celui qui en a fini avec les restes des communautés chrétiennes en Turquie et pourtant l’accusation de nettoyage ethnique n’est jamais portée contre lui », signale Morris.
Source : Ahval News, site indépendant d’informations turc (bloqué en Turquie), 17 janvier – © Chrétiens Persécutés pour la traduction.